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Octobre - La Légion d'honneur en Côte-d'Or
Fondé par Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, l'Ordre de la Légion d'honneur devait accueillir, selon les termes du décret du 29 floréal an X (1802), « les militaires qui ont rendu des services majeurs à l’État dans la guerre de la liberté ; les citoyens qui, par leur savoir, leurs talents, leurs vertus, ont contribué à établir ou à défendre les principes de la République, ou fait aimer et respecter la justice ou l’administration publique ».
Si les archives de l'Ordre sont à Paris et à Saint-Denis (dans un bâtiment aménagé ces dernières années), on trouve des sources de l'histoire de l'Ordre dans les archives publiques et privées conservées aux Archives départementales de la Côte-d'Or.
Tableau de la 6e cohorte de la Légion d'honneur
An X (1802)
1 M 577
Cette cohorte était composée de tous les départements de l'actuelle Bourgogne-Franche-Comté (moins le Territoire-de-Belfort qui n'existait pas ; mais plus le « Léman », dont le chef-lieu était Genève et qui comprenait, outre une partie du canton de Genève, des parties des actuels départements de l'Ain et de la Haute-Savoie). Les membres de la cohorte sont classés par département ; le tableau comprend, outre leur régiment, la date et les motifs du brevet, c'est-à-dire l'acte remarquable ou héroïque qui leur a mérité la Légion d'honneur.
Les « armes d'honneur » avaient été instituées en 1799 : suivant leur emploi et surtout leurs actions d'éclat, les militaires recevaient, avec un brevet officiel et lors d'une cérémonie, une arme dédicacée par le Premier consul. Sabres, fusils, mousquetons, carabines, baguettes, trompettes, grenades...
Membres de droit de la Légion d’honneur créée le 29 floréal an X (19 mai 1802), les titulaires d’armes d’honneur continuèrent de porter leur récompense, qu’aucun texte n’abolit. En revanche, Bonaparte n’octroya plus aucune arme d’honneur sous l’Empire ; la Légion d'honneur, à la fois civile et militaire, rendit caduc le système des armes d'honneur, qui s'éteignit avec le décès de ses titulaires.
La Légion d'honneur s'installe au Palais des États de Bourgogne
19 brumaire an XIII (10 novembre 1804)
1 Q 1494
En 1804, la 6e cohorte de la Légion d'honneur s'installe au Palais des États, institution d'Ancien Régime supprimée depuis presque quinze ans. Mais entre-temps s'y étaient installés des locataires... qui doivent évacuer le Palais dans « un court délai ». Pour les « établissements publics » (administrations) qui y avaient leurs bureaux, Lejéas, chancelier de la 6e cohorte, se réserve d'en parler au préfet.
Ces cohortes ne durèrent pas au-delà de 1809. En 1921 est créée la Société d'entraide de la Légion d'honneur, qui assure un lien entre les membres.
Port illégal de Légion d'honneur
Le commissaire de police de Chalon-sur-Saône écrit au parquet de Dijon qu'un nommé Sylvain Zosier n'a pas « le droit de porter le ruban » de la Légion d'honneur, ce qui lui vaut le triste honneur de passer en cour d'assises.
La Légion d'honneur avait acquis une telle renommée, à la faveur des guerres de l'Empire, que le port de ses insignes, même un ruban discret sur une tenue civile, faisait rejaillir sur celui qui la portait gloire et prestige.
Mais si le port en est usurpé, la gravité de la faute est à la hauteur de l'honneur ainsi bafoué.
Exclusion de la Légion d'honneur
Être membre de l'ordre de la Légion d'honneur implique d'être irréprochable. Or François Guillot, ancien caporal qui a mérité la Légion d'honneur à titre militaire le 29 juillet 1848, a été depuis condamné pour vol par le tribunal correctionnel de Dijon. De plus, il a « constamment tenu une mauvaise conduite et mené une vie de rapine et de braconage (sic) ». La « nature du délit » et « tous ses antécédents » conduisent l'Empereur Napoléon III à exclure Guillot de l'Ordre. Le décret porte une mention manuscrite : « J'ai reçu communication du décret ci-contre. Maison d'arrêt de Dijon, le 18 mai 1854 [Signé:] Guillot » : une sorte de double peine...
Diplôme de chevalier de la Légion d'honneur du comte de Mesgrigny
Imprimé sur parchemin, ce diplôme porte (en timbre humide) la signature de l'empereur Napoléon III et d'Anne Charles Lebrun, duc de Plaisance, qui était grand chancelier de l'Ordre depuis 1853.
Outre les aigles, les mots de la devise « Honneur » et « Patrie », la croix à cinq branches de l'ordre, les armes de l'Empire tenues par des allégories de la Force et de l'Abondance, le haut du diplôme regorge d'objets disposés en trophées : emblèmes militaires (canons, bateaux de guerre, trompette, carte, ancre, laurier) et emblèmes civils (palette de peintre, caducée, tables de la loi, croix pectorale, roue dentée, balance, partition musicale, charrue, livre, chapiteau, plume, chêne et blé). Il s'agit de montrer que la Légion d'honneur n'est pas seulement un ordre militaire, mais qu'elle est aussi destinée à récompenser architectes, paysans, artistes, magistrats, ecclésiastiques, médecins, ingénieurs, écrivains.
Edme, dit Edmond, de Mesgrigny (1803-1876) était conseiller général de l'Aube. Sa fille Édith épousa, la même année 1855, Charles du Parc. Le diplôme se trouve dans les papiers de cette dernière famille, qui a confié ses archives aux Archives départementales de la Côte-d'Or.
Avis donné au colonel Carnot de sa promotion au grade d'officier de la Légion d'honneur, et discours prononcé lors de la remise
Fils du président de la République Sadi Carnot (assassiné en 1894), Lazare Hippolyte Sadi Carnot est officier de carrière. Chevalier de la Légion d'honneur depuis 1915, il est promu au deuxième grade de l'Ordre en 1923 sur proposition du ministre de la Guerre.
Ce document est conservé dans les archives de la famille Carnot, qui les a confiées aux Archives départementales de la Côte-d'Or. Le portrait du colonel en 1916 (donné par Mme Sylvie Carnot en 2022) figure sur le palier du premier étage des Archives départementales. Il n'est alors que chevalier de la Légion d'honneur.
En 1923, c'est le lieutenant-colonel Auclère qui lui remet « la croix d'officier » ; il prononce à cette occasion une allocution. Il indique que Carnot est « un nom qui a retenti, non seulement dans toute la France, mais dans le monde entier ». Mais le colonel Carnot, qui aurait pu profiter tranquillement de son château de La Rochepot et de sa fortune, n'a pas hésité à reprendre du service en 1914. Il est « resté sur la brèche jusqu'à la fin des hostilités. La République, que [ses] ancêtres ont toujours servie avec fidélité, [lui] devait une récompense éclatante. »
Photographies de remises de Légion d'honneur par l'amiral Hippolyte Violette
Milieu des années 1920
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Sur le pont de navires de guerre ou à Casablanca, l'amiral Violette remet les insignes de chevalier, d'officier ou de commandeur de la Légion d'honneur à des officiers plus jeunes. Celui qui remet les insignes doit être d'un grade supérieur ou égal dans l'Ordre ; la cérémonie est codifiée et elle fait l'objet d'un procès-verbal adressé à la Grande Chancellerie.
L'amiral Violette (Besançon, 1869-Dijon, 1950) fit une brillante carrière qui le mena aux fonctions de chef d'état-major général de la Marine en 1928. On lui doit aussi de nombreux articles scientifiques ; il est enterré à Longeault (Longeault-Pluvault).
Dossier de Légion d'honneur de « Mademoiselle Moitessier »
C'est en 1851 que la Légion d'honneur fut remise pour la première fois à une femme ; c'était à titre militaire. Il faut attendre 1933 pour la Légion d'honneur soit remise à une femme à titre professionnel ; il s'agit de l'avocate Suzanne Grinberg. Quinze ans plus tard, le ministère de l’Éducation nationale constitue un dossier pour Marie Marguerite Geneviève Moitessier, ancienne directrice d’Écoles normales d'institutrices. Si le dossier-maître est conservé à la Grande Chancellerie à Paris, les préfectures ont aussi des fonds de dossier, versés aux Archives départementales.
Après guerre, l'attitude des candidats pendant l'Occupation est évidemment scrutée à la loupe. Or Melle Moitessier avait été mise à la retraite à compter du 1er janvier 1941 en vertu de la « loi relative au travail féminin » du 11 octobre 1940. Elle est réintégrée le 17 avril 1945 jusqu'à sa retraite en 1948. L'inspecteur de police de Rouen (où Melle Moitessier a fini sa carrière) précise que « son attitude pendant l'occupation n'a fait l'objet d'aucune critique ».
L'inspecteur d'académie, quant à lui, note non sans humour que « si Melle Moitessier avait eu plus de souplesse, nul doute que sa carrière ne se fût pas arrêtée à la Direction de l’École normale de Rouen. De ce qui, dans ses rapports administratifs, peut légitimement passer pour un défaut, je retiens aujourd'hui l'aspect particulièrement sympathique : Melle Moitessier exerce sur son entourage une autorité fondée sur une riche valeur morale dont il faut lui savoir gré d'avoir donné l'exemple aux générations d'institutrices qu'elle a formées ».
Si l'on entre les lignes de cette prose administrative : un sacré caractère !
Le dossier est conservé dans les papiers personnels du préfet Jean Mairey, qui fut le parrain de Melle Moitessier dans l'ordre de la Légion d'honneur.
Recommandation du chanoine Kir en faveur du comte Georges de Vogüé
Le député-maire de Dijon écrit au préfet de la Côte-d'Or tout le bien qu'il pense de Georges de Vogüé. Ce dernier est engagé à la Croix-Rouge, dans diverses associations artistiques et scientifiques ; il a donné son château de Châteauneuf à l’État, ce qui a permis de mettre à l'abri les œuvres du musée des Beaux-Arts de Dijon pendant la seconde guerre mondiale.
Le célèbre Chanoine met son poids de respectabilité dans la balance. Les dossiers de candidature sont remplis d'attestations de ce genre, qui donnent une idée de ce qui est valorisé par chaque époque : de ce point de vue, ce sont de beaux documents d'histoire.
Catalogue de la Maison Delande, fabricant de « Rubans et décorations » à Paris
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![]() Début des années 1960 1189 W 205 |
Située au 26, rue Beaubourg à Paris, la maison Delande propose les décorations métalliques, mais aussi les rubans aux couleurs des décorations, plus discrets sur les uniformes ou les habits civils. Le catalogue comprend toutes les médailles coloniales françaises (cessant bientôt d'être décernées, du fait de la décolonisation), ainsi que les médailles des ministères, qui seront remplacées en 1963 par l'Ordre national du Mérite.
On pouvait encore acheter, au début des années 1960, le ruban de la Croix de Guerre 1914-1918 : en France vivent alors encore beaucoup de Poilus, qui peuvent avoir besoin de rafraîchir leur ruban...
Bicentenaire de la Légion d'honneur en Côte-d'Or (2002)
Pour le 200e anniversaire de la création de l'Ordre, la section de Côte-d'Or de la Société d'entraide des Membres de la Légion d'honneur fait paraître une plaquette retraçant l'histoire de l'ordre dans le département. Parmi les faits saillants : la Légion d'honneur accordée aux villes de Dijon et de Saint-Jean-de-Losne ; des membres illustres ; une cérémonie au Clos de Vougeot.