Le document des mois de Janvier-Février - Aux sources du Clos de Vougeot
1. Installation des cisterciens à Vougeot vers 1110-1120
Aimon de Marigny et sa famillle donnent au nouveau monastère "8 journaux de terre incultes à Gilly". Ils sont suivis par Elisabeth de Vergy, par les moines de Saint-Germain des Prés de Paris. Les dons suivants parlent de la villa de Cambella, une autre de Waona. Puis le seigneur de Vergy donne "une terre dans laquelle un cellier est construit, contenu dans un clos".
ADCO, 11 H 64
Cartulaire 166, f. 90v-91v
Charte-notice de 1120-1130 (copie du début du XIIIe siècle)
2. L’acte de baptême : un chirographe
Accord passé entre le chapitre de Vergy et l’abbaye de Cîteaux fixant le périmètre du Clos de Vougeot, défini comme ce que Cîteaux possède
« depuis la route publique qui va de Beaune à Dijon, de là suivant la rue Morlem va de ladite route jusqu’au sommet de la montagne qui s’appelle Beaumont, et ladite rue Morlem jusqu’au petit fleuve qui s’appelle Vouge», représentant 10 journaux de vigne sur lesquels Cîteaux paye la dîme à Vergy.
ADCO, 21 H 59 1165-1168 |
3. Don d’un muid de vin par Jean Le Louche (Luscus), de Vougeot (Vouget), à l’abbaye
Don attesté par Marcel, archiprêtre de Vergy, qui rédige l’acte et valide le don. Vougeot est "sur le chemin de Dijon, sur la route qui va vers Cîteaux". Ce cens annuel en nature est à verser au "temps des vendanges".
ADCO, 11 H 1146 Juin 1233 |
4. Don de 4 vignes en aumône à Cîteaux par Paris/Pariset de Vougeot ("Parisius de Vouioth") et Pétronille sa femme
Constitution du clos au cours du XIIIe siècle. Toutes sont sises « in territorio de Vouioth ». La contenance n’est pas mentionnée, mais en revanche la localisation et les confronts sont précisés :
- lieu dit « Orvaus » sous (infra) les vignes de Cîteaux
- lieu dit Champ Trerversain, entre la vigne de Cousin de Flagey et la vigne de Cîteaux
- lieu Li Cortois, entre la vigne de Perrot fils d’André Bretin et la vigne de Cïteaux "in magno clauso Cystercii"
5. Nouvelle donation de Pariset de Vougeot et de Perrenette sa femme (fille de feu Vincent Le Cuilleret)
Une pièce de vigne située entre les vignes de Cîteaux, de 7 ouvrées.
Une pièce située "vers les murgiers dans le clos de Cîteaux" (versus les Murgiers in clauso Cistercii), entre la vigne d’Etienne de Vougeot et celle de Cîteaux.
Une vigne En Corroy entre la vigne de Chagrillet et celle de Cîteaux etc.
Localisation des vignes : En Champ Traversain, En Orvaux, qui toutes touchent aux vignes de Cîteaux : l’abbaye arrondit ainsi son domaine.
6. Achat par Cîteaux à Martin Matriculaire, de Flagey, et Jacquette sa femme d’une pièce de vigne à Malpertuis
"Quandam petiam vinee sitam in finagio de Flageyo en Maulportus iuxta vineam dictorum emptorum hinc et inde", pour 100 sous viennois (= 1200 deniers). On bouche les trous et on achète les parcelles qui font tache... Sur cette pièce l’abbaye devra la dîme et un cens annuel au prieur de Vergy de 2 deniers, à payer le jour de la Toussaint.
7. Acquisition faite par l’abbaye d’une pièce de vigne En Eschezeaux à Marie veuve de feu Jean Lathomi de Vougeot, et leurs enfants Perrenet et Huguenin
"Unam petiam vinee sitam in finagio de Vogeto en Eschesaul", entre les vignes de Jehan de Corbonain celle de Jehan Morey de Flagey, pour 8 livres et 10 sous viennois. La période des dons est finie, vient le temps des acquisitions.
8. Echange de vignes sises en Orvaux, entre l’abbaye et Pierre Pontot, de Vougeot
C’est la rationalisation de la parcelle. L’acte contient de précieuses mentions de localisation : "unam peciam vinee sitam in finagio de Vooigeto ad portam dou Chasaul de Campo Sancti Martini juxta vineam dictorum religiosorum hinc et inde et prout (...) a chemino publico usque ad viam et continet circiter sex operatas". L’une des vignes est appelée "Au Bordoin".
ADCO, 11 H 1146 1291 |
9. Huit reconnaissances faites par des particuliers à l’abbaye, 3 baux, 1 échange et une vente
10. Le clos de Vougeot en 1720
"Extrait du terrier, cellier et clos", d’après l’arpentage de Gambu en 1717 : maison ou château, avec au nord un jardin fermé de murs appelé la Muscadière, avec sur le chemin de Chambolle une petite tour ronde ; au sud et à l’ouest une grande place vide appelée la Garenne dans laquelle est un colombier ; au mur de clôture sont construites 2 tours rondes "une grande vigne en une seule pièce fermée de murs appellée vulgairement le clos de Vougeot, contenant 137 journaux, tenant d’orient au grand chemin de Dijon à Nuis, d’Occident les bâtiments cy dessus rapportés et confinés et la contrée des vignes appellé les Eschezeaux bas le grand chemin de Dijon à Nuis par la montagne entre deux ; de midy à la rûe anciennement appellée la Rue Morteu, et présentement la rûe tirante a la montagne de Beaumont et à la perrière Flaigey ; de septentrion à la Rüe tirant du village de Vougeot aux dits château et cellier". Puis description des vignes alentours dépendant "dudit cellier et château de Vougeot", en tout 244 journaux deux tiers : Les Eschezeaux bas, Les Eschezeaux hauts, les Poulaillères, les Champs Traversins, vignes des Rouges, Les Beauxmonts, Les Orvaux, La Combe d’Orvaut, La Combotte, le clos Cerveaux, les petits Musigny, les vignes blanches des Petits Vougeots, Les Vignes noires des petits Vougeots qui finit par "la Perrière de Vougeot tenant d’orient aux vignes des petits Vougeots noirs ; d’Occident le chemin tirant de Beaune à Dijon par la montagne ; de midy ladite grande rue de Vougeot au chateau, et de septentrion les vignes des Amoureuses de Chambolle".
ADCO, 11 H 1143 1720 |
11. Dans l’atlas de Cîteaux
ADCO, 11 H 138 1718-1730 |
12. Consultation pour l’abbaye dans le litige qui l’oppose au curé de Gilly sur la perception du droit de passion
Antoine Boullié, curé de Gilly, prétendait percevoir "le droit de passion dans les pressoirs du Clos de Vougeot pendant qu’on faisoit les vins et que chaque vigneron donnoit de chaque sac une certaine quantité de vin plus ou moins suivant les années". L’abbaye soutient que cette perception n’est pas immémoriale ni uniforme, même s’il a parfois été fait au curé de Gilly l’aumône de quelques feuillettes.
13. "Bail de la dîme des Eschezeaux et autres climats et des cens affectés sur les vignes des finages de Vosne, Flaigey et Vougeot pour l’abbaye sur M. Lausseure, commissaire aux saisies réelles demeurant à Nuis"
14. Procès avec les habitants de Vougeot qui voudraient imposer à la taille le concierge du château du Clos : mémoire imprimé d’avocats
Chocarne est "concierge et tonnelier aux gages de l’abbaye de Cîteaux dans son château du Clos", il y garde ses vins et fait les ouvrages dont elle a besoin. Il vit dans le château avec sa famille. Or le château est "étranger à la Communauté et au village de Vougeot", plaide l’abbaye, ce qui conduit à exempter Chocarne de la taille due par les habitants de la communauté de Vougeot.
ADCO, 11 H 1156 1780 |
15. Mémoire pour Monsieur le Révérendissime abbé général de Cisteaux et les prieurs et religieux de laditte abbaye contre messire André de Croonembourg, chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis, ancien capitaine des dragons de la Reine et seigneur engagiste de Vougeot
Cronembourg, seigneur de Vougeot, prétend, à la suite de son père, avoir droit de justice sur les "clos, celliers et dependances de Vougeot". Question de principe, car les justiciables sont peu nombreux, moins nombreux que les 26 pages du mémoire, qui remonte à la bulle d’Innocent III de 1199 et à la charte du duc Eudes III de 1206.
Tous ces efforts seront réduits à rien quelques années plus tard à la Révolution. Mais ces procédures à répétition montrent combien Cîteaux tenait à la spécificité juridique du Clos de Vougeot. Cette unité est demeurée jusqu’à nous, puisque cet ensemble, constitué au XIIe siècle, même s’il est divisé entre plusieurs dizaines de propriétaires, forme toujours et encore un seul et même climat. Un Grand cru, alors que le reste de la commune de Vougeot n’en compte pas, se contentant de premiers crus et de villages.
La dichotomie demeure...
ADCO, 11 H 1154 1780 |
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