Jean sans peur 1419-2019 (2019)
« Jean sans Peur 1419-2019»
Le 10 septembre 1419, Jean sans Peur, duc de Bourgogne, entre autres titres, est assassiné par le parti du dauphin – futur Charles VII – sur le pont de Montereau-Fault-Yonne. Aujourd’hui, 600 ans plus tard, son principat, écourté par le coup de hache de Tanguy du Châtel, est bien connu et renseigné. Néanmoins, c’est une image complexe et trouble de ce prince qui nous est parvenue. Du point de vue de l’art, l’époque de Jean sans Peur est brillante. Achevant les travaux de la chartreuse de Champmol, il s’est entouré de grands artistes flamands et parisiens qui ont fait de la Bourgogne un espace culturel majeur, soutenus par la richesse d’un prince qui ne comptait guère. Sa vie de cour fut, quant à elle, luxueuse. Si l’on regarde la politique, en revanche, il a longtemps laissé le souvenir d’un personnage puissant mais intriguant, n’hésitant pas à faire assassiner son cousin, frère du roi, pour promouvoir ses intérêts, ou à préparer l’alliance anglaise qui longtemps empêcha Charles VII de recouvrer sa souveraineté.
Cette exposition n’a pas pour objet de déterminer si l’on doit magnifier ou disqualifier Jean sans Peur. Elle n’apporte pas non plus, à proprement parler, de connaissances nouvelles sur le personnage : les documents exposés sont, pour la plupart, déjà connus et ont alimenté une abondante historiographie qui a largement accru la connaissance de la Guerre de Cent ans et plus spécifiquement du deuxième duc de Bourgogne Valois. Sa dernière biographie en date (Jean sans Peur, Le prince meurtrier, B. Schnerb, 2005), dont cette exposition s’est largement inspirée, s’est chargée de rassembler, à l’appui des sources et des chroniques, ce que l’on peut savoir de sa vie.
L’objectif est plutôt ici de voir, à six siècles de distance, les traces que Jean sans Peur a laissées dans les archives conservées à la capitale du duché, où il a peu résidé. Au milieu de l’importante production documentaire contemporaine, ces quelques pièces sont révélatrices d’un événement, d’une politique ou d’un contexte. Elles constituent des éléments saillants de la jeunesse de Jean sans Peur, puis de son principat de quinze années, qui transparaissent dans des documents de formes et de natures diverses. Si des archives telles que les traités, de paix ou de mariage, retiennent d’abord l’oeil, d’autres, plus petites, n’en sont pas moins porteuses d’informations déterminantes de la vie du prince. Au total, cette exposition tente de situer le duc dans son domaine, à la cour de France et sur la scène européenne, en se concentrant particulièrement sur quelques événements marquants de sa vie. Elle s’attache aussi à montrer les conséquences, ou, du moins, les suites de son principat, à court, moyen et long terme : de la recomposition subite de l’échiquier politique dès sa mort, à la résolution de la Guerre de Cent ans quelques décennies plus tard, jusqu’à la mise en place du musée où son tombeau est exposé depuis le XIXe siècle.
Emmanuel ROUMIER
Doctorant CIFRE
ENC / EPHE / ADCO
Exposition « Jean sans Peur, 1419-2019 », du 12/11/2019 au 04/04/2020, du lundi au vendredi, Archives départementales de la Côte-d'Or, de 8h30 – 17h00.