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Archives départementales de la Côte-d'Or

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Novembre - Le cartulaire du prieuré de Notre-Dame de Bonvaux

Le cartulaire du prieuré de Notre-Dame de Bonvaux, qui dépendait de l’abbaye du Val-des-Écoliers, est rédigé au milieu du XVe siècle à la demande du prieur de Bonvaux, frère Rogier. Il s’agit d’un recueil comportant 115 copies de chartes médiévales datées du XIIIe et du XIVe siècle. Instrument de gestion, il permet au prieuré d’avoir une juste connaissance de ses terres, de ses droits et des redevances à lui dû. Certifié conforme, il a également une valeur probante en cas de litige.

 

Le prieuré Notre-Dame de Bonvaux : bref historique

 

Photographie du prieuré de BonvauxLe prieuré de Notre-Dame de Bonvaux (commune de Daix) se situe au Nord-Ouest de Dijon, près de Plombières-lès-Dijon. Il fut fondé au début du XIIIe siècle, vers 1214-1215, sous l’épiscopat de Guillaume II de Joinville. Cet établissement était l’un des vingt-huit prieurés dépendant de l’ordre du Val-des-Écoliers (commune de Verbiesles, en Haute-Marne), ordre fondé en 1212 et officiellement reconnu par la papauté en 1219. Les chanoines de Bonvaux vivaient selon la règle de saint Augustin. Leur quotidien se partageait entre prière et enseignement aux fils des seigneurs voisins. Bonvaux cesse de dépendre de l’évêché de Langres du fait de la création de l’évêché de Dijon en 1731.

À compter du concordat de Bologne (1516), les prieurs de Bonvaux furent nommés par le roi. L’abbaye fut dès lors tenue « en commende », c’est-à-dire tenue par un ecclésiastique séculier jouissant d’un tiers des revenus du prieuré. Parmi les prieurs de Bonvaux se trouvaient notamment : François de Saint-Belin (1542), Geoffroy de Saint-Belin, évêque de Poitiers (1598), Jean-Claude Blondeau (1613), Simon Maignien (1660), François Bernard Espiard de Vernot (1722), Étienne Genreau (1749). Le dernier prieur de Bonvaux fut Louis-Christophe Blachère.
Le prieuré fut progressivement abandonné à l’époque moderne, une première fois à la fin du XVIe siècle, une seconde fois au début du XVIIIe siècle après un bref retour des religieux vers 1650. À la veille de la Révolution, le prieuré ne comptait que le prieur, qui n’y résidait pas. Il fut finalement vendu comme bien national le 6 mars 1792 et ne fut pas réinvesti à la Restauration.
Le prieuré de Bonvaux est aujourd’hui un centre équestre.

Le prieuré de Notre-Dame de Bonvaux, actuel centre équestre «Académie de Bonvaux»

 

Vous avez dit cartulaire ?

 

Cartulaire du prieuré de Bonvaux, ADCO, 27 H 1Le document du mois est un cartulaire, chartularium en latin. Il s'agit d'un recueil de copies de chartes (carta, d'où le terme de cartulaire). Le cartulaire du prieuré de Bonvaux se présente sous la forme d'un cahier relié. Il est rédigé sur parchemin, un matériau obtenu à partir de peaux de moutons. Ces format et support sont tout à fait ordinaires dans la France du XVe siècle.

Le cartulaire est rédigé avec soin : de grandes marges encadrent le texte des chartes copiées, séparées entre elles par un large espace, et l'écriture est calibrée, voire « justifiée ». Les initiales des chartes, sans être ornées, peuvent être très élaborées. Des notes marginales, rajoutées après la rédaction, complètent l'ensemble.

Si l'écriture du cartulaire est typique du XVe siècle, on remarquera que celui-ci n'est pas écrit d'une seule et même main : au moins trois écritures différentes peuvent être observées sur ce document. Cela signifie que trois scripteurs différents ont contribué à son élaboration.

Les chartes qui y sont consignées sont majoritairement écrites en latin, mais ce cartulaire comporte également quelques chartes rédigées en français. Celles-ci répondent à une même architecture. Elles comportent d'abord un « protocole », composé généralement d'un ou de plusieurs éléments tels que : une invocation In nomine domini amen, une adresse Universis presentes litteras inspecturi, une suscription par laquelle l'auteur de l'acte se présente Ego Alidis ducissa Burgondie. Ensuite vient le texte proprement dit, avec un exposé des motifs (pourquoi un tel acte ?), un dispositif (ce que dispose l'acte) et des éléments de corroboration (la validation du document, qui le rend authentique). Enfin, la partie finale des chartes copiées, ou eschatocole, indique la date de l'acte.

ADCO, 27 H 1, f. 55 v.

 

De usu chartularii, ou de l’usage du cartulaire

 

Ce cartulaire est le fruit d’une commande. En effet, il est élaboré par Antoine de Sauxmet en 1436, à la demande du prieur de Bonvaux, frère Rogier, qui souhaite disposer d’un recueil des chartes du prieuré. Ainsi, 115 chartes de Bonvaux, datées du XIIIe au XVe siècle, sont consignées dans ce cartulaire. Pourquoi un tel souhait ? Parce que le cartulaire est un instrument de pouvoir au service du prieuré, à usage double : d’une part, il est instrument de gestion, d’autre part, il constitue une preuve juridique.

Le cartulaire est un instrument de gestion qui permet au prieuré d’avoir l’ensemble de ses droits et titres rassemblés en un même document. À partir de celui-ci, le prieuré est en mesure de réclamer et de percevoir un certain nombre de revenus, en argent ou en nature.

Le cartulaire du prieuré de Bonvaux a également un caractère juridique. Il a une valeur probante, ce qui signifie qu’en cas de litige, ce recueil de copies de chartes est en mesure de servir de preuve au prieuré de Bonvaux. Chaque charte copiée est ainsi certifiée conforme à l’originale, comme l’atteste la formule copia ita est, soit « copiée telle qu’elle », que l’on retrouve apposée à la fin de chaque copie. Par ailleurs, la rédaction du cartulaire est elle-même certifiée conforme par des témoins, à savoir « présent Jehan Darme, Jacot le Bonedet, sergent de Monseigneur de Bourgogne et plusieurs autres ensemble ».

Atlas général des routes de la Province de Bourgogne, Bonvaux, ADCO, C 3882-2, route n°12, feuille n° 109

ADCO, 27 H 1, f. 1 r. ADCO, 27 H 1, f. 24 v. - 25 r.

 

Une porte d'entrée donnant sur la société médiévale

 

Le prieuré de BonvauxLe cartulaire du prieuré de Notre-Dame de Bonvaux constitue pour l'historien, le chercheur, le curieux, une porte d'entrée sur la société médiévale. À la lecture des 115 chartes copiées, au-delà du document de gestion et de la preuve, ils pourront découvrir la piété et la dévotion médiévale. Nombre de chartes contenues dans ce cartulaire résultent de la volonté de laïcs de faire une donation au prieuré pro remedio animae, soit « pour le repos de l'âme ». L'histoire rurale bourguignonne se dessine dans ce cartulaire où apparaissent, dans les donations faites au prieuré, les terroirs et leurs produits. Enfin, l'étude du cartulaire de Bonvaux permet d'apprécier les liens de parenté et les relations entre membres d'une même famille.

 

ADCO, 9 Fi 21485-11

 

Archives départementales de la Côte-d’Or,
27 H 1

Le fond 27 H a fait l’objet d’un reclassement récent.

 

Marie Bolot, élève de l’école nationale des chartes

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