archives.cotedor.fr

Archives départementales de la Côte-d'Or

Notre site internet vient d'évoluer, notamment pour rendre plus claire la présentation des résultats des recherches (toujours plus abondants à mesure que nous ajoutons de nouveaux inventaires). Il est possible que ces résultats ne soient plus cliquables sur votre écran. Pour résoudre cette difficulté, il faut taper ctrl+maj+suppr pour accéder au menu permettant de vider le cache. Pour votre téléphone, ou si cela ne fonctionne pas, il suffit, pour trouver la procédure, de rechercher "vider le cache", suivi du nom de votre navigateur, sur votre moteur de recherche favori.

Vous êtes ici : Archives départementales de la Côte-d'Or /

Mai - Après les grèves de 1936 : lettre pour être réembauché

Une entreprise créée à la fin du XIXe siècle

Le propriétaire de la Société cotonnière est Alfred Marchal. Après la guerre de 1870, sa famille a quitté l’Alsace occupée. Entre 1897 et 1899, il fait construire un ensemble industriel dans les communes de Trouhans et de Brazey (filature de coton à Trouhans, tissage à Brazey) : la « Société Cotonnière ». Cette entreprise produit essentiellement de la gaze pour les pansements et a de nombreux marchés pour l’armée.

Alfred Marchal peut être considéré comme le type même du patron paternaliste s’estimant  responsable du bien-être de ses ouvriers; en contrepartie de quoi ils lui doivent respect et obéissance. A Brazey, Alfred Marchal installe, dans l’enceinte de l’usine, une  « pension » pour accueillir et nourrir des orphelines, et une infirmerie dotée notamment d’une sage-femme. Dans le village, la Société Cotonnière gère une coopérative et une boucherie permettant aux ouvriers d’acheter des produits meilleur marché. De même, l’entreprise logeait les familles de ses ouvriers en particulier dans la cité ouvrière rue du Tissage. Elle les meublait aussi. Ces avantages constituaient un paiement en nature en complément d’un salaire modeste. Être logé par « la Cotonnière » constituait un privilège considérable pour les employés.

 

Un conflit long et dur ; un patron paternaliste intransigeant10M86_01_001

Au cours de l’été, les principaux conflits ont cessé en Côte –d‘Or. Seul demeure le conflit à la Société Cotonnière qui a débuté le 17 juin. La grande majorité des ouvriers est en grève, soit environ 200 personnes. Alfred Marchal se refuse à toute négociation et rejette tout arbitrage. Les grèvistes ont été licenciés. Afin de retouver leur travail, ils doivent signer une lettre de « repentance ».

Le respect et l’obéissance dus au patron ressortent bien du document que devaient signer les ouvriers qui demandaient leur réembauche après le long conflit social de l’été 1936. Ce document sans date peut être daté de fin juillet ou début août 1936. Le texte est très explicite: « regrettant de nous être mal conduits vis à vis de vous, en nous mettant en grève, nous vous prions de nous pardonner et en nous embauchant de nous permettre de nous racheter dans l’avenir par une conduite exemplaire ».  Alfred Marchal, dans un courrier du  30 juillet 1936, refuse la tentative de conciliation proposée par le préfet de la Côte- d’Or. Il rappelle qu’il est le « seul juge pour choisir les familles susceptibles de revenir aux sentiments qu’il veut voir régner dans son personnel ». Il a obtenu l’arrêté d’expulsion des meneurs délégués de la CGT et exige le départ de ceux qu’il appelle « les malheureux induits en erreur ». Afin de favoriser leur déménagement, par l’entremise du député de Côte-d’Or Pierre Mathé, élu en 1936 sous l’étiquette de la fédération républicaine, Alfred Marchal est disposé à mettre à leur disposition une somme d’argent. Ils doivent avoir quitter la Côte d’Or pour le trois août au plus tard.

Le conflit se poursuit jusqu’au 25 août. A ce moment là le travail reprend. Le réembauchage est partiel puisque  63 ouvriers ne sont pas réembauchés.

Ce document illustre la difficulté du dialogue social dans une entreprise de taille moyenne et la difficile application au niveau local des accords Matignon.

 

Une entreprise qui a traversé presque tout le siècle

La Société Cotonnière traverse les deux Guerres Mondiales grâce à sa production de gaze à pansement. Après la disparition de son fondateur en 1954, elle se transforme en « Nouvelle Société Cotonnière de la Côte-d’Or », dirigée par son fils Edouard Marchal jusqu’en 1968. La société rencontre ensuite des difficultés financières; elle est reprise en 1974 par la société Texor qui sera elle-même mise en liquidation judiciaire en 1996.

 

Brochure Matignon

Chronologie indicative

4 mai 1936 : la gauche rassemblée autour d’un programme commun remporte les législatives
11 mai 1936 : début de la grève au Havre chez Bréguet puis extension plus ou moins importante dans toute la France avec des périodes de reflux et de reprise de grève.
4 juin 1936 : Léon Blum devient le premier président du Conseil socialiste et forme le gouvernement de Front populaire.
7 juin 1936 :  Accords Matignon
14 juin 1936 : défilé de la victoire du Front populaire à Dijon
10 juin 1936 : début des grandes grèves en Côte-d’Or. Tous les secteurs sont touchés, construction mécanique, fonderie, textile
Début août 1936 : poursuite du conflit à la La Société Cotonnière alors que dans les autres usines le travail a repris dans la première quinzaine de juillet.
25 août 1936 : fin du conflit. Reprise du travail aux usines de Brazey et de Trouhans.

 

Etablissements occupés par grévistes

Sources ADCO

3 M 290 Tract Peuple républicain de Dijon (lien)

10 M 80 Brochure sur les accords Matignon accord général du 7 juin 1936 (lien) / Liste des établissements occupés du 10 juin au 15 juillet 1936 (lien).

10 M 86 Texte que les ouvriers doivent signer pour être réembauchés (lien) / Courrier du 30 juillet 1936 du patron Alfred Marchal au préfet avec sa transcription (lien).

Dimitri Vouzelle Service éducatif

> Consulter la brochure