Octobre - Psautier éthiopien
Cet objet de dévotion personnelle a été donné à la famille d’un officier d’origine bourguignonne, commandant en second des forces françaises à Djibouti, par un ami éthiopien, en 2012.
Manuscrit carré (12 cm), sur parchemin, à l'encre noire avec rubriques rouges, de 18 cahiers de 8 folios chacun (sauf le dernier, de seulement 4 folios), soit 148 folios (donc 296 pages).
Chaque page est réglée à la pointe sèche à 19 lignes. Les cahiers sont reliés entre deux ais de bois (0,6 cm d’épaisseur) sans dos. L’étui de cuir est doté d’une poignée de tissu. Certaines pages, fragilisées par la réglure, sont sommairement suturées avec de la ficelle. Les pages sont salies, signe que le manuscrit a beaucoup servi ; si on y ajoute qu’elles sont en peau de chèvre, on comprendra que ce manuscrit dégage une odeur plus puissante que les discrets manuscrits occidentaux…
Le psautier est rédigé en écriture guèze. Dans cet alphasyllabaire, chaque signe (ou graphème) représente la combinaison d'une consonne et d'une voyelle. En usage depuis le Ve siècle avant J.-C., cet alphabet véhicule les langues éthiosémitiques. L’Éthiopie est majoritairement chrétienne depuis le IVe siècle ; la fréquentation actuelle des églises monolithiques de Lalibela témoigne de la vivacité de l’enracinement chrétien de ce pays. Certaines pages portent des annotations au crayon à papier, voire au stylo à bille. Chaque psaume est précédé de son n° d’ordre.
Il est difficile de dater ce genre de manuscrit dont la facture n'a presque pas changé au cours des siècles, aussi bien pour ce qui est du texte, de l'écriture que du parchemin ou de la reliure. Il ne comporte pas de décoration ni d’illustrations. Il n’est ni très rare ni très précieux, car il en existe beaucoup de semblables en Éthiopie et dans les collections publiques françaises.
Il n’en va pas de même de sa valeur religieuse (car c’est un manuscrit qui a manifestement « servi », comme le prouvent les marques de doigts et l’usure), de sa valeur « humaine » (pour la famille donatrice), de son histoire (amitié nouée à Djibouti ; témoignage d’une des plus vieilles chrétientés du monde, née au IVe siècle), de ses qualités esthétiques (car l’étui n’est pas moins beau que le manuscrit lui-même). Enfin, il porte la mémoire des pérégrinations d’un officier de marine bourguignon au début du XXIe siècle.
XIXe-début XXe siècle
ADCO, 1 J0 521