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Archives départementales de la Côte-d'Or

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Septembre - Plébiscite des 20 et 21 décembre 1851 dans la commune de Diénay (Côte-d’Or)

Archives communales Diénay_2En fait d’un document du mois, il y a ici quatre documents provenant de la commune de Diénay, tous liés au plébiscite des 20 et 21 décembre 1851 qui devait entériner le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851 : double de la liste des électeurs de la commune ; carte d’électeur de Philippe Vaillant de Meixmoron (maire) relatif au plébiscite du président de la République ; bulletin de vote « OUI », et résultat du scrutin de vote.

Du latin plebs (peuple) et scitum (décision), le terme de « plébiscite » signifie la « décisionArchives communales Diénay_5 du peuple ». Il correspond à notre référendum actuel, un principe qui fut inscrit dans la Constitution de la Ve République en 1958. Il symbolise la liberté du citoyen de dire « oui » ou « non » à une proposition qui lui est faite. Les documents se placent à la veille du Second Empire. Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la IIe République en 1848, a de grandes ambitions : rétablir l’Empire. Sa stratégie : l’appel à l’opinion du peuple. 

Opinion publique et vie politique sous la IIe République 

NapoléonLorsque Louis-Napoléon Bonaparte fait son coup d’État le 2 décembre 1851, c’est pour assurer la pérennité de sa victoire de 1848, quand il avait été élu président de la IIe République. En quatre courtes années, le paysage change. Trois grandes forces politiques se disputent les différentes élections. Les républicains modérés, grands vainqueurs de 1848, forment en réalité un parti peu homogène entre les républicains « de la veille » et ceux « du lendemain », plus légitimistes, et qui l’emportent très largement en choisissant Louis-Napoléon Bonaparte lors des élections. Aux législatives de 1849, les républicains modérés sont complètement marginalisés. Face à eux, ce sont donc les bonapartistes issus de leur sein et le « parti de l’Ordre », qui ont élu Louis-Napoléon Bonaparte et qui forment la nouvelle majorité.  Les socialistes-démocrates avaient rassemblé les foules populaires lors de la révolution de février 1848, afin de combattre en faveur de réformes sociales. Battus aux élections de 1848, ils se coalisent sous cette appellation de « démocrates-socialistes » – ils sont surnommés « rouges » par leurs opposants – et, à la surprise générale, remportent 25% des suffrages aux législatives de 1849. 

Le prince-président

Archives communales Diénay_4Tandis que la répression de l’opposition politique se fait plus forte, le nouveau président, élu initialement pour sa popularité et parce qu’on le croyait facile à manipuler, ne se satisfait pas d’un mandat de quatre ans non reconductible. Il cherche donc à pérenniser son pouvoir avant les élections de 1852 et va utiliser les forces et les faiblesses de son parti à son avantage. En effet, l’Assemblée législative a voté le 31 mai 1850 une loi électorale qui exclut près d’un tiers des citoyens des listes électorales en ne donnant voix au chapitre qu’aux « Français âgés de vingt et un ans accomplis, jouissant de leurs droits civils et politiques, actuellement domiciliés dans la commune et qui ont leur domicile dans la commune ou dans le canton depuis trois ans au moins ». L’obligation de résidence n’était que de six mois depuis 1848. Les exclus sont donc essentiellement des artisans et des ouvriers, soit la population dite instable que craignait le gouvernement, trop proche du « parti rouge » à son goût. C’est en abrogeant cette loi jugée injuste en octobre 1851 et en multipliant des campagnes doublées de voyages en province que Louis-Napoléon Bonaparte se prépare à abattre l’opposition et à ramener vers lui les populations conservatrices ou mécontentes du gouvernement en se faisant le défenseur de la démocratie.

La Côte-d’Or, un département à conquérir en 1851 ? 

Les habitants de Côte-d’Or, à l’aube du coup d’État du 2 décembre 1851, sont en grande partie républicains. Louis-Napoléon Bonaparte, qui avait accompli une première visite en Bourgogne en août 1849, avait dû faire face à plusieurs incidents provoqués par des républicains convaincus. Néanmoins, la Côte-d’Or subit une nouvelle dépression économique qui touche particulièrement la population agricole. La visite suivante du président de la République en juin 1851 vit un grand retournement : son passage est désormais largement salué dans les différentes localités Côte-d’Oriennes. Et lorsque cela s’avère nécessaire, son administration et ses hommes d’armes font taire brutalement tout enthousiasme républicain.

Lors du coup d’État du 2 décembre, les journaux républicains sont suspendus à Dijon comme ailleurs, les opposants évincés. Les tentatives de révoltes sont dispersées et faute d’un projet commun concret, s’éteignent toutes seules. Lors du plébiscite du 20 décembre, sur 101 797 votants, il y a 88 329 OUI et 12 796 NON. La proportion des NON est de 12,6%, très au-dessus de la moyenne nationale. Mais tandis que le « parti rouge » et que les anciens maires de Beaune, Nuits, Saulieu et Montbard sont réprimés et expulsés, les populations rurales sont enthousiastes.

À Diénay, à l’ombre du pouvoir

Archives communales Diénay_1De fait, la commune de Diénay apparaît ici comme un témoignage de l’état d’esprit des populations rurales. Les électeurs sont pour l’essentiel des cultivateurs et des manouvriers, des artisans, ou autres métiers tournés vers l’espace rural. On trouve bien quelques propriétaires sans connaître leur importance. Un seul avocat semble pouvoir représenter une certaine bourgeoisie. Les trois aubergistes pourraient avoir fourni le lieu pour la propagande d’une politique socialiste, mais leur clientèle semble montrer peu de prédispositions pour cela, les manouvriers Côte-d’Oriens s’apparentant plus à des artisans-maîtres qu’au prolétariat des grandes villes de l’époque. On ne compte enfin qu’un seul instituteur qui aurait été susceptible d’adhérer au « parti rouge » et qui pourrait avoir été à l’origine du seul bulletin de vote négatif. Les deux bulletins positifs portant la mention « Empereur » soulignent une minuscule tranche conservatrice et clairement bonapartiste. Le nom du votant porté sur deux autres bulletins, en allant dans le même sens, souligne la popularité bien réelle de Louis-Napoléon Bonaparte en province. Diénay n’apparaît ainsi pas comme une bourgade résistante mais rurale et relativement conservatrice, avec néanmoins cet intérêt pour la vie politique du pays que soulignent les résultats du scrutin des 20 et 21 décembre 1851.

 
Diviser pour mieux régner. Louis-Napoléon Bonaparte fait ici un coup de maître qui lui assure vingt ans de pouvoir à la tête de la France. Diénay, comme tant d’autres, semble conquise.
 

Archives départementales de la Côte-d’Or, en cours de classement
1851

 
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