Printemps des Poètes 2022 : l'éphémère (page 7/13)
L'amour en Révolution : Victorine de Chastenay (fin du XVIIIe siècle)

ADCO, 143 J 86

 

Victorine de Chastenay (1771-1855) partagea sa vie entre Paris et le château familial d’Essarois, dans le Châtillonnais. Elle reçut une éducation inhabituellement encyclopédique pour une femme de son temps. L’essentiel des archives qu’elle a laissées est constitué de notes de lectures, de mémoires, de brouillons des ouvrages qu’elle a publiés.
Mais on y trouve aussi des poèmes, et notamment des poèmes d’amour datant de la Révolution.
Elle et son père sont accusés à tort d’être émigrés ; son père est acquitté, mais la question des certificats de résidence, signés par des « attestans », est le sésame qui permettait d’apporter la preuve que l’on n’avait pas quitté le territoire de la République. La loi du 25 brumaire an III (15 novembre 1794) précisait cette obligation légale.
Si les poèmes d’amour sont nombreux, et souvent banals, ici l’originalité réside dans le jeu de l’auteur avec les vicissitudes politiques du temps. Il s’adressent à une jeune fille de 25 ans environ.

 

Air : Femmes, voulez-vous eprouver

Il me faut neuf ou trois témoins,
Dit la loi du vingt cinq brumaire ;
On ne saurait prouver à moins
La résidence la plus claire :
Victorine, ecartez ces soins ;
Mon cœur m’a fait la confidence
Qu’il vous donnerait sans témoins
Certificat de résidence.

 

Air : Que ne suis-je la fougere

Vos yeux sont aristocrates :
Ils sont le tourment du cœur.
Vos talents sont démocrates :
Ils font naitre le bonheur.
Les seduisants avantages
Qui vous furent départis
Commandent tous les hommages :
Vous plaisés aux deux partis.

 

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