Printemps des Poètes 2022 : l'éphémère (page 1/13)
Poésie éphémère dans Dijon en l'honneur du duc d'Enghien (1644)

ADCO, 1 J0 878

 

Un « feu de joye » est donné à Dijon le 3 octobre 1644 à l’occasion de la prise de Philippsburg (Allemagne, Bade-Wurtemberg) par le duc d’Enghien (le futur Grand Condé).
Le feu de joie est donné sur la place de la Sainte-Chapelle. Le dessin et les vers latins du décor éphémère sont conçus par Brechillet, avocat en Parlement.
Le Roi, figuré en Jupiter, a, sur sa droite, le duc d’Enghien représenté en Mars tenant le Rhin enchaîné  avec l’inscription « Marti victori » (« à Mars victorieux ») et, à sa gauche, la Fortune. Une « table d’attente » porte l’inscription principale latine, à la gloire du (tout) jeune Louis XIV et de Louis de Bourbon duc d’Enhgien. Aux « piedestaux » sur le théâtre sont de courts vers latins (« hemistiques »). Enfin, aux arcs soutenant le théâtre sont 8 sixains français, dans lesquels le duc d’Enghien est le « jeune Mars des François » (qui soumet les Germains) ; il est un « invincible héros » ; il est le nouveau Josué faisant céder les « rempartz » de Philippsburg ; il est plus fort qu’Archimède dont la science servait à « dresser des fortz ».
Louis II de Bourbon-Condé (1621-1686), duc d’Enghien (il deviendra prince de Condé en 1646 à la mort de son père) prit la ville de Philippsburg en 1644. Cet épisode de la guerre de Trente Ans est célébré à Dijon car le héros de la bataille est le fils du gouverneur de la Bourgogne.
La réputation éclatante du jeune duc d’Enghien sur les champs de bataille était née en 1643, à Rocroi (il avait 22 ans). L’épisode de Philippsburg, l’année suivante, est un peu oublié dans la mémoire nationale, mais la verve emphatique de l’avocat Brechillet reflète l’extraordinaire engouement du royaume pour ce « jeune Mars des François », plus fort que Josué abattant, avec ses trompettes, les remparts de Jéricho.

 


Comme un Hébrieu vainquit au seul son des trompettes,
De mesme, après tant de deffaictes,
Ce grand prince, de toutes partz,
A veu sans coup frapper, sans force, sans alarmes,
Devant luy cedder les rempartz,
Et les portes s’ouvrir au seul bruict de ses armes.

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