Printemps des Poètes 2022 : l'éphémère (page 6/13)
Le vin, boisson des dieux (fin du XVIIIe siècle)

ADCO, 143 J 86

 

Ce poème à trois strophes, cette chanson à trois couplets célèbre le vin, sur un papier bleu et avec une écriture caractéristiques de la fin du xviiie siècle. Ici les dieux sont convoqués par un buveur plus goguenard que sublime. Le poème se termine par la visite impromptue de Mars à Vénus, que Vulcain voit sans s’émouvoir : le cocu potentiel, plutôt que de molester l’amant, prend le parti de la bonne humeur : « Il rit, il boit, il fume ». Chanson gaillarde, poème d’auberge…
Cet Olympe burlesque tient plutôt de Jacques Offenbach que de Jacques-Louis David.

 

J’ai toujours, Baccus,
Célébré ton jus.
N’en perdons pas la coutume.
Que le vin gris,
Dont je chéris
L’écume,
Coule à long trait
Dans mon épais
Volume.
Nectar enchanteur
Tu fais mon bonheur :
Viens mon bon ami, que je t’hume.

Champagne divin
Du plus noir chagrin
Tu dissipes l’amertume.
Tu me gueris,
Tu m’affranchis
Du rhume.
Quand je te vois,
Quel feu chez moi
S’allume.
Pour tant de bienfaits
Et pour tant d’attraits,
Viens mon ami, que je t’hume.

Mars, un beau matin,
Croyant que Vulcain
Travaillait sur son enclume,
Vers sa doña
Vint, selon sa
Coutume.
Vulcain les voit :
Il rit, il boit,
Il fume.
Sur ce digne époux,
Maris réglez-vous :
Il faut fumer comme il fume !

 

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