OFLAG (1940-1945), des officiers en prison (page 9/9)
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Espoir et bobards, 1941

« Le bobard de la quinzaine », est un dessin paru dans dans "Écrit sur le sable", revue illustrée bimensuelle de l’Oflag II D : le maréchal annule une commande de fromages « Le taureau qui se tord » ("La Vache qui rit" existe depuis 1921) destiné aux prisonniers, ce qui pourrait annoncer leur libération. Les malheureux prisonniers sont à l'affût des moindres signes qui pourraient apporter la preuve de l'approche de la fin de la guerre, ou, du moins, de leur libération. Les bobards et les rumeurs sont légions. Les lettres et les carnets des détenus, la presse du camp les rapportent. On pourrait les comparer aux innombrables "fake news" qui ont fleuri (humour compris), partout dans monde, en 2020, au moment de la pandémie de la COVID-19.

Dimensions : 21 x 29,5
ADCO
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"Pour comprendre les prisonniers", octobre 1943

Ce livret de Joseph Folliet (1903-1972), intitulé « Pour comprendre les prisonniers », est édité par les éditions du Seuil pour l’Aumônerie générale des prisonniers. Il élabore une véritable mystique de la captivité, en décrivant par le menu les bienfaits spirituels qui peuvent y trouver leur source : redécouverte de la vie intérieure, redécouverte de la communuauté, naissance des chefs, redécouverte de la patrie, redécouverte du Christ. Fait prisonnier en 1940, Folliet est libéré deux ans plus tard pour raisons de santé. Il rejoint alors la Résistance, participant à la diffusion de "Témoignage chrétien" et s'engageant dans le réseau Mitterrand des prisonniers de guerre. Après la guerre, il dénonce la torture en Algérie  ; il est ordonné prêtre catholique en 1968.

Dimensions : 12 x 15 fermé
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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« Aux femmes et aux mères de prisonniers. Ils reviendront », juin 1941

De même que sont édités des livrets pour expliquer aux prisonniers qui rentrent l'état de la France qu'ils vont retrouver bien changée (même si l'on n'est encore qu'en 1941), de même les mères et les épouses sont-elles le public-cible de livrets expliquant la vie au camp et, dans le cas de cet ouvrage de 48 pages publié par l'Église catholique, le moyen de faire de cette épreuve une occasion de grandir. Les bois gravés illustrant le livret sont éloquents : "Nous, ici" (une femme assise dans son salon relit pensivement une lettre à la lumière d'une lampe) ; "Eux, là-bas" (assis au pied d'un arbre, ayant posé la pelle de son chantier, un soldat pensif ; derrière lui on voit, sur fond de baraquement, un groupe de quatre soldats, coiffés d'un calot et munis de pelles) ; "Plus unis que jamais (en haut à gauche, une mère assise et son enfant debout ; en bas à droite, un soldat relisant dans la bourrasque la lettre à la forme caractéristique) ; "Pour leur retour" (une mère assise dans un fauteuil, serrant dans ses bras son fils et sa soeur puînée). En quatre images est indiqué un chemin d'espoir.

Dimensions : 14,5 x 18 fermé
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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L'annonce du retour, mai 1945

Télégramme du capitaine Brusaut à son épouse pour lui annoncer son retour de captivité : "Rentré France, bonne santé arrivée imminente". Quelle émotion !

Dimensions : 18 x 10,5
Prêt de M. Pierre Guillaume Demetz (Dijon)
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Fiche de contrôle pour le rapatriement (centre de transit de Paris), 1945

La masse des rapatriés et la nécessité de fluidifier les formalités pour hâter le retour dans les foyers nécessite une bonne logistique et génère ce type de documentation.

Dimensions : 9,5 x 11, 5
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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"Le grand retour. Guide du prisonnier libéré par la Première armée française", Lindau, 1945

La Première Armée libère des camps lors de son offensive en Allemagne. Elle distribue ce livret pour donner aux prisonniers toutes les informations nécessaires, sans oublier de publier (mais c'est de bonne guerre) ses propres hauts-faits. "La France n'a jamais cessé le combat", déclare-t-elle en préambule aux militaires qui ont croupi cinq années derrière des barbelés. "Le soldat de la 1e armée française libère son frère prisonnier" ; "Prisonniers, déportés, soyez fiers de votre armée". La couverture montre un soldat armé coiffé d'un casque donner l'accolade au prisonnier coiffé d'un calot. Malgré ces manifestations de fraternité ("tous réunis dans la paix"), ni les uns ni les autres ne peuvent pas ne pas souligner le fossé qui les sépare, et qui sera plus sensible encore à leur retours respectifs en France. D'autant que le livret consacre quelques pages à la "Résistance". Le "retour" sera bien difficile psychologiquement dans la "France nouvelle", où les prisonniers auront du mal à retrouver, en tant que tels et malgré la masse (notamment électorale) qu'ils représentent, une place dans le coeur de leurs compatriotes.

Dimensions : 12 x 16 fermé
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Visite médicale suspicieuse à Metz, 1945

L'accueil est parfois frais dans les centres de transit. La visite médicale et les radios sont aussi l'occasion de vérifier les tatouages éventuels qui manifesteraient l'appartenance de vrais-faux prisonniers à la SS. Il y règne déjà une mabiance de suspicion et d'épuration qui a gâché le plaisir du retour. Et encore ce n'était-il parfois que l'avant-goût de désillusions plus amères encore.

Dimensions : 24 x 18
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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"Captivité. Scènes de la vie au camp", par Étienne Morin, Paris, Éditions d’histoire et d’art, 1950  

Après le retour commence le temps de la mémoire. Certains prisonniers se font une carapace et conservent le mutisme le plus strict. D'autres entendent faire respecter leurs droits et partagent avec les résistants et les déportés les bénéfices moraux de la victoire et de la mémoire. Certains, comme Étienne Morin, publient des images. Comme en forme le voeu la préface d'Henri Curtil : "Puisse cet album vous rappeler seulement, aux heures sombres comme aux heures claires, qu'il fut un temps où, par delà les nuages de plomb qui bouchaient notre ciel, nous nous tournions vers l'ouest pour y chercher désespérement la France". Les gravures donnent des camps une image évidemment plus austère que les dessins à la ligne claire des cartes postales du VIII-F.

Dimensions : 23,5 x 32
Prêt de M. Christian Bizouard (Dijon)
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Les Oflags localisés sur l'ex-Grand Reich occupé par les quatre vainqueurs, 1945

La carte des camps au moment de leur libération est décorée des drapeaux des quatre puissances alliées qui occupent "l'Allemagne" : France, URSS, USA et Angleterre. Les drapeaux des pays naguère envahis par l'Allemagne apparaissent désormais sur la carte : France, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Pologne, Tchécoslovaquie et Hongrie. Les camps se vident, la guerre se termine.

Dimensions : 40 x 50
Prêt de M. Pierre Guillaume Demetz (Dijon)
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L'Armée rouge, glorieuse et libératrice, 1945

Le parti communiste français, sous le couvert de l'association France-URSS, édite un livret exposant l'histoire des prisonniers libérés par l'Armée rouge. Il est principalement constitué de leurs témoignages et vise à montrer la contribution communiste en général, et soviétique en particulier, à la libération de l'Europe. Le texte est une défense et illustration de l'Union soviétique. Déjà pointent les clivages de l'après-guerre. Le parti des "75.000 fusillés" voit dans ces années les plus grands succès électoraux de son histoire. D'autres prisonniers raconteront, on le sait, d'autres histoires...

Dimensions : 16,5 x 24
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Calendrier des prisonniers, 1946

La Maison du prisonnier et du déporté de Lille édite en 1946 un calendrier "prisonnier". Chaque bimestre est illustré d'une maxime et d'un dessin de J. Le Callennec (le dessinateur du jeu des "Mille Bornes"). "Le prisonnier revient à la vie" ; "Le prisonnier aide à reconstruire le pays" ; "Le prisonnier l'un de nos guides" ; "Sa vie au sein de l'Association prisonniers" ; "Il conserve l'esprit des camps" ; "Unité prisonniers". Sur six bimestres, trois sont consacrés à la place du prisonnier dans la France de 1946 ; les trois autres évoquent la vie associative des prisonniers, leur monde, leur "carapace".

Dimensions : 20,5 x 26,5 fermé
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Bulletin de l’Amicale de l’Oflag X-C, 1963

La plupart des Oflags et des Stalags disposent d'une amicale qui perdure après la guerre et ne s'éteint, parfois après des fusions, qu'avec le décès de ses derniers membres. Leurs bulletins, prolongement des journaux de camps, donnent des nouvelles adhérents et de leurs familles, indiquent les changements d'adresses, et entretiennent le réseau par des "annonces" professionnelles. Au fil des années les nécrologies se taillent la part du lion. Ces bulletins ressemblent à un organe de liaison pour un réseau "d'alumni", mais dont le vivier, limité, ne se rajeunit pas.

Dimensions : 21 x 27
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Annuaire de l’Amicale des Anciens de l’Oflag X-B, vers 1960

La première partie est consacrée à la "Liste alphabétique des membres de l'amicale dont l'adresse a été vérifiée récemment" ; suit, dans la 2e partie, la liste des "Camarades dont l'adresse, donnée sous toutes réserves, est généralement trop ancienne pour pouvoir être considérée comme sûre" ; enfin, dernier cercle, la liste des "Camarades dont l'amicale ne possède pas l'adresse, les correspondances, envoyées à l'adresse connue, ayant été retournées à l'amicale". Cette distinction montre que bien des anciens détenus se sont "dissous" dans la société après la guerre, ne souhaitant garder de liens avec des camarades de captivité leur rappelant une période pénible. La lecture de la colonne de droite, qui indique les professions, suffit à donner l'impression générale du "recrutement" du camp : quelques officiers de carrière, mais surtout des officiers de réserve, dont nous dirions aujourd'hui qu'ils appartiennent aux "CSP+". Les Oflag ont servi d'incubateurs à la société française masculine de l'après-guerre. Il est difficile de mesurer à quel point la cohabitation forcée de ces membres de l'élite professionnelle du pays a contribué donner du lien, à décloisonner les savoirs, à désarmer les préjugés. Les Oflags et les Stalags, angles morts de l'historiographie, ont certainement joué un rôle, qu'il est difficile d'appréhender (sauf à analyser, dans les récits de vie d'anciens captifs retraçant leur parcours intellectuel et professionnel), dans l'avènement des Trente glorieuses en France.

Dimensions : 28 x 21 fermé
Prêt de M. Christian Bizouard (Dijon)
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Drapeau tricolore ayant flotté sur le Kommando 813 du Stalag XI-A, à la place de la bannière nazie, du 13 avril au 2 mai 1945

Au-delà des clivages politiques, ce qui unissaient ces sous-officiers et officiers de réserve et d'active est incontestablement le patriotisme, qu'il s'exprime par un attachement à la personne et la politique du Maréchal Pétain, ou à l'esprit de Résistance. Tous avaient en ligne de mire "nos trois couleurs". Il n'est donc pas injuste de clore notre exposition sur ce touchant témoignage de la fierté des sous-officiers et hommes du rang qui ont fait flotter ce drapeau de fortune, en lieu et place des étendards nazis, sur leur Kommando. Les couleurs ont un peu passé, et le bleu est devenu « bleu horizon ». Quittant le morne horizon de leur captivité, ces Français rentrent en France, certes soulagés, mais pas toujours conscients des difficultés et des défis qui les attendent. Mais c'est une autre histoire...

Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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