La statue en terre cuite de Notre-Dame de la Délivrance, réalisée par le commandant Cochinaire, Oflag XIII-A, dès 1940, représente la Vierge debout, tenant dans ses mains l'enfant Jésus nu et aussi debout, tenant lui-même dans ses petites mains les chaînes qu'il a brisées. C'es le Christ comme libérateur des captifs qui, par l'intercession de sa mère, est invoqué.
Hauteur 50
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Le "Trait d’union", journal en français de propagande allemande en direction des prisonniers, publie un almanach. L'édition de 1942, pour illustrer chaque quadrimestre, met en regard un monument français et un monument allemand : la Königlicher Platz (Munich) et la place de la Concorde (Paris) ; la cathédrale de Cologne et celle de Paris ; l'Ehrenmal (monument aux morts) de Berlin et la tombe du soldat inconnu de Paris (en plan rapproché, sans l'Arc de triomphe). Un prisonnier a utilisé cet almanach pour noter la date d'arrivée des colis qu'il a reçus. Ironie involontaire : alors que la 4e de couverture souligne la "grande courtoisie" de l'offre de "collaboration" faite en octobre 1940 par le Chancelier du Reich à Montoire, un prisonnier français note les jours où il a pu manger à sa faim dans un "continent réconcilié"...
Dimensions : 10,5 x 15
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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L'affiche de "Notre-Dame de la Merci", éditée en 1945 par l'Aumônerie des Prisonniers de guerre, représente une Vierge tenant avec son Enfant une chaîne brisée, au-dessus d'un camp de prisonniers avec, en bas, un cartouche portant l'inscription "MERCI POUR MON RETOUR", et deux lignes en blanc destinées à accueillir le nom du prisonnier de retour dans son maison dont la cheminée fume, à l'ombre du clocher. De sorte que l'affiche, une fois complétée, devient un ex-voto. À gauche du cartouche, le prisonnier rentré chez lui, ayant posé son sac, remercie Notre-Dame à deux genoux. Sur lui veillent trois saints qui ont connu les affres de la prison : Pierre, Paul et Jeanne d'Arc.
Dimensions : 34 x 42
Prêt de M. Pierre Guillaume Demetz (Dijon)
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Un officier, mort en captivité à l'Oflag V-A, est donc déclaré ipso facto "mort pour la France". Ses obsèques sont militaires, comme le prévoit l'article 76 de la convention de Genève de 1929 : "Les belligérants veilleront à ce que les prisonniers de guerre décédés en captivité soient enterrés honorablement et à ce que les tombes portent toutes indications utiles, soient respectées et convenablement entretenues". Les honneurs militaires sont donc rendus à cet officier français par ses compatriotes comme par les Allemands. C'est ce qui explique l'intrigante présence, sur sa tombe, d'une gerbe portant la croix gammée et la croix de fer à côté de la gerbe tricolore. Le prêtre a donné l'absoute, ses camarades se recueillent, et un photographe immortalise la scène.
Dimensions : 14 x 9
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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De même que chaque province est représentée par ses costumes "traditionnels" et des armoiries aux fêtes profanes, chaque diocèse est représenté par la bannière et la statue représentant la Vierge telle qu'elle est honorée dans les sanctuaires marials de France. Chaque fidèle peut invoquer Notre-Dame sous le vocable usité dans son "pays" : Notre-Dame du Puy (à la cathédrale du Puy-en-Velay, Haute-Loire), Notre-Dame-des-Clefs (dans l'église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, Vienne) et Notre-Dame-du-Port (dans l'église de ce nom à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme). Brancards et bannières sont portés par des officiers en uniforme et dûment gantés.
Dimensions : 8,5 x 13,5
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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La majorité des croyants des Stlags et des Oflags est catholique. Dans les Oflags, on a pu compter que le clergé catholique constituait jusqu'à 3% de la population totale, ce qui est bien plus que dans la France de 1940, qui compte près de 50.000 prêtres diocésains pour plus de 40 millions d'habitants. L'encadrement religieux des camps est, de ce fait, très conséquent. La piété mariale invoque Notre-Dame sous divers vocables adaptés à la situation : Merci, Délivrance, Barbelés. Un hymne à Notre-Dame des Barbelés est même composé au Stalag II-D à l'occasion de la consécration du camp à Notre-Dame le 16 août 1942. C'est l'application, en Poméranie, du voeu de Louis XIII consécrant la France à Notre-Dame. Les paroles sont de l'abbé Pierre Rocher et la musique, d'Albert Goyatton. À Notre-Dame, qui "a connu l'exil" (allusion à la fuite en Égypte) et qui était "au pied du Calvaire", les prisonniers offrent leur "exil", leurs "deuils", leurs "soucis" ; ils lui demandent le salut pour la "patrie", "l'espoir" pour leurs femmes, la "joie" pour leurs enfants et la "Paix" pour "le monde". Au dos figure un "Cantique aux prisonniers" ; point de partition, car il est sur l'air de "Pitié mon Dieu", célèbre cantique composé en 1872 pour la consécration de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, dans un climat d'apocalypse et d'expiation après la défaite de 1870-1871 et la Commune ; la France devait alors être pénitente et dévote ("Gallia poenitens et devota"). Ce sont les mêmes sentiments qui animent les auteurs des paroles du cantique "Aux prisonniers", après l'apocalypse de mai-juin 1940 et la nécessaire expiation, par les prisonniers, des péchés de la IIIe République, selon la conception maréchaliste de "l'esprit prisonnier". Ici, au lieu de "Sauvez Rome et la France / Par votre [puis : au nom du] Sacré-Cœur", on trouve, dans le refrain : "Abrège leur misère, / Ramène-les chez nous !". Enfin, une image pieuse, éditée par l'Aumônerie des Prisonniers de guerre, représenté un saint Jean-Baptiste aux pieds enchaînés, "prisonnier dans la forteresse de Machéronte" ; au dos sont invoqués les saints prisonniers (saint Pierre naturellement invoqué sous le nom de saint Pierre-ès-liens, saint Paul, sainte Jeanne d'Arc) ou des saints qui sont intervenus en faveur des prisonniers (saint Léonard, patron des prisonniers, et saint Vincent de Paul aumônier des galères).
Dimensions : 27 x 29,7
Prêt de M. Daniel Weber (Besançon)
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Le programme liturgique de la Semaine sainte 1941 pour l'Oflag XVII-A pourrait ressembler à une beau programme paroissial si le clocher figurant en 1e de couverture n'était pas un mirador. Mirador pointu, surmonté d'une croix, mais mirador tout de même. La vignette illustrant le jour de Pâques montre, de part et d'autre de la cloche, la façade de Notre-Dame de Paris (avec la flèche en arrière-plan) et le clocher de la chapelle du camp en forme de mirador. Du dimanche des Rameaux (6 avril) à la fête de Pâques (13 avril), rien ne manque. Le programme musical polyphonique est abondant et de qualité ; il dut y avoir des arrangements pour les pupitres de soprano et d'alto. Les Polonais du camp ont une messe particulière le jeudi saint et le jour de Pâques. Messes solennelles ou grand'messes, matines, laudes, vêpres, nocturnes, conférences spirituelles, bénédiction de cloche : tout y est. Il faut dire que, outre l'aumônier, pas moins de 65 prêtres sont détenus dans le camp. Parmi, le lieutenant Louis Delcros, qui donne une conférence (deux fois) le vendredi saint sur "Les 7 paroles du Christ en croix". Ce personnage aura un destin particulier puisque, fervent maréchaliste (il donne un article intitulé "Le Maréchal Pétain" dans le n° 1 du "Canard en KG", le journal de l'Oflag XVII-A, en janvier 1941), il sera libéré et deviendra aumônier de la communuauté française et de la Milice de Sigmaringen... c'est lui qui donne l'absoute à Jacques Doriot en Allemagne en février 1945. Ce conférencier et prêcheur à l'éloquence apparemment remarquable meurt en exil à Lugano. Son journal, "Le livre du proscrit", un plaidoyer pro domo, est conservé aux Archives départementales du Cantal, dont il était originaire, sous la cote 1 J 376.
Dimensions : 17 x 33
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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"Renaître", la revue mensuelle de l'Oflag VIII-G, consacre son numéro de décembre 1941 à la fête de Noël. La tonalité est clairement maréchaliste : textes du Maréchal, de Jean Borotra (1898-1994, alors commissaire général à l’Éducation et aux Sports), du chanoine Lucien Polimann (1890-1963, ancien combattant, député Croix-de-Feu ayant voté les pleins pouvoirs le 10 juillet 1940), Charles Dullin (1885-1949, homme de théâtre ne dédaignant de donner des articles à la presse collaborationniste). Suivent des articles sur les différentes traditions de Noël en France et dans le monde, et une image belle et morose tranchant avec le bel enthousiamse maréchaliste du début : le mot "ATTENDRE", en grandes capitales, est entouré de six médaillons portant les mots "L'appel", "La soupe", "Les lettres", "Les cours", "Les jeux" et "Les spectacles", c'est-à-dire les activités les captifs trompent leur attente. La vie passive et monotone des prisonniers, pourtant sommés, dans l'énergique éditorial collé en 2e de couverture, de "collaborer" à la "France nouvelle", offre un contraste saisissant avec le ton "ardent et enthousiaste" de la première partie, plus idéologique, du numéro.
Dimensions : 21 x 29,7 fermé
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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De Noël 1940, le premier passé loin de la famille, on conserve des menus, mais aussi des programmes liturgiques. Ici la croix portant une Crèche est environnée de passages latins évoquant l'Incarnation, la Nativité et la Fuite en Égypte. "Lève-toi, prends l'enfant et sa mère et fuis en Égypte" : ces paroles, adressées par l'ange à Joseph, invitent la Sainte Famille à l'exil pour éviter le massacre et la barbarie d'Hérode. Cet épidsode fait naturellement partie du cycle de Noël, mais peut-être sa présence dans le programme de la fête joyeuse de Noël est-il une allusion au sort de de l'Europe sous la botte nazie à la fin de l'année 1940 ?
Dimensions : 17,5 x 20
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Jean Charles François Rodhain (1900-1977) est l'aumônier général des prisonniers de guerre ; ses locaux parisiens sont situés au 2, rue Leneveux, dans le 14e arrondissement. Il sillonne les camps et pourvoit aux besoins matériels et spirituels des prisonniers, prêtres ou non. La petite valise-chapelle, préparée par l'aumônerie générale mais financée à chaque fois par un bienfaiteur, comporte, dans un volume réduit, ce qu'il faut pour célébrer la messe. L'intérieur comporte diverses informations. Illlustrée par une photographie d'un prêtre à l'autel au moment de l'élévation, une phrase indique la valeur sacrificielle de la détention : "Que ma peine d'aujourd'hui comme votre sacrifice, Seigneur, serve à la libération de touts mes frères". Des avis liturgiques adaptent les règles de la célébration eucharistique aux contraintes du camp. Il est possible, en particulier, de célébrer la messe le soir, à condition d'observer un jeûne eucharistique d'au moins quatre heures. Jean Rodhain fonde le Secours catholique en 1946.
Dimensions : 42 x 30 x 10
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Le drapeau est français, les joueurs sont français, le terrain s'appelle "France-Sport". Mais ces matchs au sommet se jouent à Gross-Born, en Poméranie.
Dimensions : 11 x 21
ADCO
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Ce dépliant au titre apparemment anodin (« L’activité sportive dans les camps de prisonniers de guerre) se révèle en fait un mode d'emploi pour l'évasion, à la fois pratique, ironique et humoristique. Publié par le Comité national des prisonniers de guerre, il entend faire comprendre aux prisonniers qu'il faut, pour bien réussir une évasion, être en bonne forme physique : "Vive le sport !" La 4e de couverture est une violente critique de l'instrumentalisation par Vichy des prisonniers de guerre : l'ambassadeur Scapini est corrompu ; André Masson, commissaire général aux prisonniers de guerre rapatriés et aux familles des prisonniers de guerre, est un débauché ; les comités d'aide aux prisonniers détournent les denrées destinées aux captifs ; et de conclure : "Voilà la France du Maréchal !".
Dimensions : 13,5 x 21
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Le capitaine Mathieu dépouille et analyse la presse allemande pour comprendre l’évolution de la guerre et de la politique européenne. Il compile, confronte, croise les informations. Ce travail actif de veille documentaire permettait aux officiers de décrypter la propagande pour tâcher d'anticiper la suite et la fin de la guerre.
Dimensions : 17 x 21 fermé
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Ce joli canon Gribeauval environné de servants d'artillerie ne serait qu'un beau jouet rappelant la guerre "en dentelles" de la fin de l'Ancien Régime s'ils n'étaient accompagné de la photographie du jeune Bernard Gordien, qui sourit, de toutes ses dents enfantines, devant le cadeau qu'il a reçu pour la Noël 1943. Ce cadeau lui est envoyé par son père, alors détenu à l'Oflag. Ce père qu'il a peu ou pas connu, qu'il ne connaît que par la photographie ou le dessin mis à la place d'honneur dans le logement familial par sa mère, il s'incarne dans ce beau jouet, gardé précieusement jusqu'à aujourd'hui par le petit garçon, désormais presque octogénaire. Ce jouet est le lien que ce père, mortifié d'être retenu loin sans pouvoir voir grandir son fils, a trouvé pour garder le contact. Il aussi réalisé des animaux colorés, rigolards et anthropomorphes, à la façon de Benjamin Rabier, et un jongleur.
Hauteur entre 12 et 18 cm
Prêt de M. Bernard Gordien
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Cette carte manuscrite de la partie méridionale du front de l’est a été établie par un prisonnier, en octobre 1942, à partir d'informations provenant des journaux et communiqués parvenus au camp. Après avoir tenté de croiser les informations pour démêler le vrai du faux, l'officier essaie de cartographier l'avancée de l'Armée rouge, la seule à même de hâter la fin de la guerre et la libération des captifs. Le front passe naturellement par Stalingrad, où la bataille fait rage en cet automne 1942. Chacun, même s'il est confiné dans un Oflag, pressentira, après février 1943, que la guerre connaît un tournant.
Dimensions : 42 x 43
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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« Le trait d’union », journal en français de propagande allemande en direction des prisonniers, est écrit avec la contribution de détenus. Le trait d'union s'entend naturellement entre la France et l'Allemagne, dans le cadre de l'Europe nouvelle. Le numéro du 30 juillet 1942 joue sur la corde sensible en parlant "d'elles" : celles "qui nous attendent", celles "qui nous aiment". Mais la propagande n'est jamais loin : conférence de Jean Jousselin, chef du service des des cadres au ministère de la Jeunesse ; nouvelles rassurantes de la prise de Rostov par les S.S. et les Slovaques ; plaidoyer pour une "paysannerie européenne" de Serge Petitlaurent (futur lauréat 1951 du prix Auguste Furtado décerné par l'Académie française "à l'auteur d'un livre de littérature utile, en l'espèce, "Jeunes paysans face à l'avenir") ; caricature montrant Churchill et Roosevelt en frac, désappointés par le résultat du "Grand prix", avec la légence "Timochenko : dans les choux" (le maréchal Semion Timochenko venait d'être défait fin mai à Kharkov) ; discours de Jacques Le Roy Ladurie, ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement dans le gouvernement Laval, sur l'évolution de la condition paysanne. La suite du journal est consacrée au "Faust" de Goethe, "chef-d'oeuvre de la poésie allemande", à des chroniques juridiques ou scientifiques, et donne des échos des camps (lettre ouverte à Pierre laval, centre universitaire du VI-B. Enfin, puisqu'en France tout finit par des chansons, et que le journal veut prouver France et Allemagne sont unies par un trait d'union, une rubrique "Humour et distractions" offre des dessins dépourvus évidemment de toute arrière-pensée idéologique.
Dimensions : 32 x 46
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Entre 1941 et 1944, plusieurs timbres portèrent l'effigie du maréchal Pétain, tête nue ou coiffée d'un képi. Ici ce curieux collage fait du Maréchal à la fois le brancard et son porteur, le buste porté en procession et son dais. Fantaisie philathélique composée avec des timbres de 1941, qui révèle involontairement, peut-être, le véritable culte de dulie dont était honoré le vieux maréchal par les Français en général, et les militaires prisonniers en particulier - au moins jusqu'en 1942...
Dimensions : 27 x 29,5
Prêt de M. Daniel Weber (Besançon)
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"Victoire. Journal mensuel du mouvement de résistance pour les prisonniers de guerre et les déportés en Allemagne" : le 1er numéro du journal du MRPGD ne veut pas distinguer entre "déportés" et "prisonniers de guerre". Il porte en exergue une phrase d'André Philip (1902-1970), commissaire à l'Intérieur du Comité français de libération nationale : "Prisonniers et Déportés font partie de la France Combattante au même titre que l'armée des Patrotes de la Résistance". François Mitterrand, chef du MRPGD, n'aura de cesse, après la guerre, d'obtenir que les prisonniers de guerre soient assimilés à des combattants à part entière. Rude combat, car les déportés et résistants auront tendance, dans leur majorité, à "relativiser" leur expérience et à minorer leur "mémoire" (Rémi Dalisson, "Les soldats de 1940. Une génération sacrifiée, Paris, CNRS Éditions, 2020).
Dimensions : 13,5 x 21 fermé
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Georges Scapini, ambassadeur de France en charge du Service diplomatique chargé des prisonniers de guerre français en Allemagne, répond, le 22 juillet 1942, à Paul de Giafferri, qui avait attiré son attention sur l'état de santé du lieutenant Jacques Tonnelier, détenu au X-D. L'ambassadeur renvoie le dossier au médecin-colonel, chef du service médical de l'ambassade. En réalité, les prisonniers de guerre ont compris peu à peu qu'il s'agissait d'un théâtre d'ombres. Pétain avait besoin de prouver à l'opinion française que sa politique de collaboration permettait d'obtenir des rapatriments sanitaires ; l'Allemagne avait intérêt à se prêter à ce jeu, pour asseoir le régime de Vichy qui maintenait utilement (et à peu de frais pour lui) l'ordre en France. Mais la réalité était un peu différente : les commandants de camp n'entendaient pas s'encombrer de malades graves ou chroniques ; il était plus avantageux de les renvoyer se soigner en France sous couleur d'humanité, tout en conservant en captivité la grande masse des prisonniers. Les prisonniers de guerre ne furent bientôt plus dupes, et il n'était pas rare que Scapini fût accueilli par des huées et par des quolibets lorsqu'il visitait les camps d'officiers, sous l'oeil goguenard des Allemands.
Dimensions : 21 x 27
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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"Le sort des prisonniers retient en premier lieu mon attention" : cette phrase, prononcée par Pétain le 9 octobre 1940, est placée en exergue du manuel destiné aux prisonniers rapatriés. C'est que la libération, au compte-goutte, des prisonniers français accordée par les autorités allemandes était, pour le chef de l'État français, l'un des leviers de son action, un service concret rendu aux Français permettant d'asseoir sa légitimité et un moyen de s'attirer la reconnaissance de ses "chers amis". Ne pesant guère dans le rapport de force avec les vainqueurs, il avait néanmoins obtenu d'eux ce moyen d'asseoir sa politique. Mais ce n'est pas du tout en termes politiques que Pétain s'adresse aux prisonniers libérés ; il emploie au contraire le registre affectif du père de la patrie soucieux de ses fils exilés et malheureux : leur retour est une "joie", il leur "donne l'accolade" ; la patrie n' a "jamais cessé de penser" à eux. L'amiral Darlan (page 15), tout en délivrant un message politique, joue sur la corde sensible en évoquant ceux qui sont restés prisonniers et en soulignant que les "libérés" doient "aider" le Maréchal : "Prisonniers libérés, Vous avez été les bénéficiaires des derniers accords franco-allemands. N'oubliez pas vos camarades restés dans les camps. Aidez-moi à les libérer en soutenant la politique du gouvernement". En rélaité, les protocoles de Paris, signés le 28 mai 1941 par Darlan et Abetz, ne prévoient la libération que de 961 officiers (sur 2 millions de prisonniers), ce qui ressemble fort à un marché de dupes. S'ensuit un panégyrique des réalisations de l'État français depuis le 17 juin 1940 ; il ressemble curieusement de la propagande électorale, ou à nos bilans de mi-mandats ("Voici ce qui a déjà été fait pour... [suivent les noms des catégories socio-professionnelles]", entrecoupés de slogans encadrés ou en gras. Il s'agit de faire des prisonniers libérés des artisans de la Révolution nationale, comme le résument les derniers mots du livret de 36 pages : "Le Maréchal a besoin de vous, il compte sur vous. Rappelez-vous que vous êtes des hommes d'une vieille et glorieuse nation".
Dimensions : 13,5 x 21
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Sainte Jeanne d'Arc est représentée par un dessin paru dans "Écrit sur le sable, revue illustrée bimensuelle de l’Oflag II-D", dans le n° du 1er juin 1941. Canonisée en 1920, son auréole est rayonnante. Appuyée sur son épée et son bouclier portant ses armes, elle se dresse, debout devant la carte de la France dans ses frontières de 1939, sans qu'on voie aucun des pays voisins. Sa présence est ambigüe : doit-elle protéger la France contre les bombardements des Anglais, pour les bouter de nouveau hors de France, ou bien doit-elle combattre et vaincre les Allemands, qui "occupent" la moitié du pays ? L'image, que ne pouvait attaquer la censure allemande du camp, donne à réfléchir aux prisonniers.
Dimensions : 21 x 30
ADCO
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