René Hafner (1910 Besançon - 1982) a dessiné ce timbre, édité par l'Assocation des prisonniers de guerre du Doubs et vendu pour financer les colonies de vacances des enfants de prisonniers. Le petit garçon tient sa sœur par la main ; ils arrivent sur une maison dont la cheminée fume, au milieu des sapins et sur un fond de montagne. Les 50 francs donnés en échange du timbre permettaient d'offrir le bon air des montagnes du Haut-Doubs aux enfants de prisonniers. Alexandre Vialatte, dans sa chronique de "La Montagne" du 1er février 1955, évoque l'omniprésence du timbre-poste, et notamment de ces timbres vendus au profit d'une cause : "On est allé jusqu'à penser qu'il guérit la tuberculose ; des enfants en proposent qui atteindrait ce but : 'Mais je ne sais pas, m'a dit le dernier qui m'en offrit, où on se les colle'."
Dimensions : 27 x 29,5
Prêt de M. Daniel Weber (Besançon)
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"Pensons à eux, eux pensent à nous". Par-delà les barbelés qui séparent symboliquement dans l'image les prisonniers et ceux qui attendent leur retour, on pense les uns aux autres. La solidarité est réelle, car les prisonniers reçoivent des colis, mais ils envoient en France une partie de leur solde, ainsi que les productions, notamment artistiques et artisanales, réalisées au camp.
Dimensions : 27 x 29,5
Prêt de M. Daniel Weber (Besançon)
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Les organismes de solidarité au profit des prisonniers et de leurs familles pullulent. L'Oflag IV-D a son propre Centre d’entraide, qui dispose d'antennes régionales. Le Groupement du Nord organise, à la Maison du prisonnier de Lille, l'exposition des œuvres et objets "exécutés dans les camps de prisonniers" (dont est exposé l'Album Souvenir) ; il fait célébrer des messes à la mémoire des camarades décédés ou pour "ceux qui sont encore internés" ; il organise des réunions d'informations où prennent la parole des camarades libérés récemment (au titre d'ingénieur ou de la relève). Ces associations préfigurent les amicales qui se constitueront dès le retour général des camps au printemps 1945. Elles montrent que les anciens prisonniers ont besoin de se retrouver, de parler de leur expérience, d'évoquer les camarades encore au loin, d'échanger des nouvelles.
Dimensions : 21 x 27
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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Ce programme théâtral de l’association « Femmes de prisonniers, déportés et requis » regroupe ces trois catégories sous le terme "d'absents". Il est parsemé de slogans appelant à l'unité : "Soyons unis comme ils le sont là-bas…", "Pensons à ceux qui sont si loin et pourtant si près de nous", "Comme eux nous tiendrons jusqu'au bout", "Pensons à leur retour... c'est l'espérance", "Espoir... bientôt ils seront là !". La pièce représentée s'intitule "Les petites Godin". C'est l'histoire des trois filles de M. Godin ; il doit les marier s'il veut épouser Mrs. Fanny Bilbock, une riche Américaine. Les mariages ne se font pas, l'histoire est rocambolesque. Le troisième acte comporte "Le Chant des adieux" et la "Marseillaise". En novembre 1944, la guerre est en train de s'achever en france, dont le territoire est presque entièrement libéré. Il faut tenir bon, car les bombardements anglo-américains en Allemagne et la défense désespérée du Reich nazi laissent craindre le pire. Les angoisses et l'attente ne sont pas terminées. Un peu de théâtre permet de se changer les idées et d'avoir des projets communs entre prisonniers déjà libérés et femmes de prisonniers.
Dimensions : 15,5 x 24 fermé
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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"Toute la France. Journal de ceux qui sont revenus et des familles de ceux qui sont encore absents". Ce bi-mensuel imprimé à Vichy porte la parole officielle de l'État français aux prisonniers et sur les prisonniers. Son objet est de fédérer le "mouvement prisonnier" en réunissant les prisonniers, les anciens prisonniers et la famille des uns et des autres. Les premiers mots d'André Masson, commissaire général aux prisonniers de guerre rapatriés et aux familles des prisonniers de guerre, sont sans ambiguïté : "Une autre politique que celle du président Laval n'aurait pas empêché les ouvriers de partir, elle aurait empêché les prisonniers de rentrer". Masson présente le retour des prisonniers au titre de la relève comme une contrepartie au départ des ouvriers au titre du Service du travail obligatoire. Les articles évoquent, outre la politique française et européenne, l'actualité du mouvement prisonnier : René Stackler (1900-1984), rapatrié sanitaire de l'Oflag IV-D à la fin de 1940, est nommé maire de Rouen le 1er juin 1943 ; un article d'Armand Lanoux (1913-1963), ancien prisonnier et futur Prix Goncourt 1963, fustige le marché noir. Une large part est faite aux manifestations organisées dans les maisons des prisonniers et les "centres d'entr'aide" partout en France.
Dimensions : 30 x 43 fermé
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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À l'automne 1943, la Maison du prisonnier de Lille publie un Album-souvenir de l'exposition "Prisonniers". Ce sont les prisonniers rapatriés du Nord qui l'ont organisée, pour "témoigner leur fidélité aux camarades restés là-bas" par une "évocation concrète de "l'esprit des camps". Carte immense des Oflags et Stalags, maquette d'un camp, "reconstitution d'une chambrée dans une baraque", peinture murale dépeignant le "climat moral" de la captivité (comportant en exergue la phrase "L'épreuve de la captivité, rude école du caractère, a forgé des coeurs nouveaux"), tableaux et dioramas reconstituant des scènes parfois avec des mannequins (distribution du courrier, Noël, chapelle, université, réalisations théâtrales, etc.), fortes citations du cardinal Liénart archevêque de Lille et du pasteur Boegner, journaux de camps, expositions, vie sportive, Cercles Pétain, oeuvres de prisonniers, hall d'honneur (comportant le slogan "Tous unis nous sortirons de la nuit"). Et la 4e de couverture de conclure : "Nous avions tout perdu, nous nous sommes unis, et nous avons tiré des richesses de notre pauvreté". Dans la France occupée, les autorités allemandes voient évidemment d'un bon oeil ce type d'exposition, qui fait taire les rumeurs sur les horreurs concentrationnaires nazies et donnent des conditions de captivité des prisonniers de guerre français une idée plutôt flatteuse. L'État français apporte la preuve éclatante que la collaboration adoucit le sort des prisonniers. Et les anciens prisonniers sont heureux de porter le témoignage des conditions de vie dans les camps, de manifester leur solidarité à l'égard des camarades qui y sont restés. Mais, un an plus tard, dans la France en cours de libération, le "mouvement prisonnier" apparaîtra, à cause de manifestations comme cette exposition de l'automne 1943, comme fortement lié à l'État français, ce qui vaudra aux anciens PG bien des déconvenues dans la France de l'après-guerre.
Dimensions : 23 x 15
Prêt de M. Olivier Blazy (Paris)
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