Guynemer, un as pour parrain (page 1/21)
Un drapeau pour l'aviation militaire

 

 

 

 

 

 

 

C’est le sous-lieutenant Georges Guynemer, pilote auréolé d’une gloire naissante et ayant déjà huit victoires certifiées à son actif, que l’on désigna pour avoir l’honneur de présenter le 13 mai 1916, à Dijon, un prestigieux emblème au corps des aviateurs du 1er groupe d’aviation et à ses élèves pilotes, en présence du lieute­nant-colonel Léon Adolphe Girod, inspecteur général des écoles d’aviation, spécialement délégué par le ministre de la Guerre. Il s’agissait pour le jeune as de guerre, en qualité de porte-drapeau, de présenter l’un des deux drapeaux qui, le 14 novembre 1915, sur le plateau de Malzéville près de Nancy, avait été solennellement remis à l’armée par le président de la République Raymond Poincaré : celui de l’Aviation militaire. Un emblème qui, ce jour-là, avec le drapeau de l’Aérostation militaire, avait remplacé un drapeau unique « que le gouvernement de la République avait attribué en 1912 à l’ensemble des troupes de l’aéro­nautique militaire ». Cette « substitution » avait formalisé ce qui, depuis le début de la guerre, était apparu comme une évidence, à savoir que, au sein de cette Aéronautique militaire, l’aviation et l’aérostation étaient devenues deux subdivisions d’armes bien distinctes, que ce soit par leur emploi, les techniques mises en œuvres ou les moyens employés.


Un mois plus tard, le 13 décembre, ce drapeau avait été présenté aux troupes du 2e groupe d’aviation, au cours d’une cérémonie organisée sur l’aérodrome de Bron près de Lyon. Or il était entendu que ce drapeau passerait de groupe en groupe, raison pour laquelle il lui restait à être présenté à celles du 1er groupe d’aviation, ce qui fut programmé pour le 13 mai 1916.


Deux ans plus tard, le 20 juin 1918, ce drapeau serait de retour sur l’aérodrome dijonnais, pour être une nouvelle fois présenté. Guynemer étant mort, il aurait pour porte-drapeau un autre illustre aviateur des ailes françaises, son égal, le lieutenant René Fonck, futur as des as de l’aviation alliée.


Le 15 juillet 1923, deux jours après avoir été décoré de la croix de la Légion d’honneur, le drapeau de l’Aviation militaire, remplacé par d’autres emblèmes, fut remis par le ministre de la Guerre André Maginot au musée de l’Armée (Hôtel national des Invalides, Paris), où il est toujours conservé de nos jours.

 

 


 

Cérémonie de présentation du drapeau de l’Aviation militaire

Samedi 13 mai 1916

 

Ci-dessous, le texte de l’allocution prononcée par le lieutenant-colonel Léon Adolphe Girod, inspecteur général des écoles d’aviation, spécialement délégué par le ministre de la Guerre.

 

« Officiers, sous-officiers, élèves-pilotes, mécaniciens, soldats. J’ai le fier honneur de vous présenter le drapeau de l’aviation française, aux mains d’un vaillant entre les vaillants, le lieutenant Guynemer, vingt ans, chevalier de la Légion d’honneur, médaillé militaire, sept fois cité à l’ordre de l’armée. Levez vos fronts vers ses couleurs. Élevez vos âmes jusqu’à ses gloires. Haussez vos cœurs à ses espoirs, et voyez luire, à travers ses plis glorieux, la victoire de nos armes. Des ciels bleus de l’Alsace reconquise jusqu’aux bois verdoyants de Lorraine et d’Argonne ; depuis le Grand-Couronné, toujours altier, jusqu’aux rives sanglantes de l’Yser ; par-dessus les héroïsmes de Verdun jusqu’à nos tombeaux de Champagne et d’Artois ; des lagunes de Venise jusqu’aux cieux d’Orient, c’est lui qui conduit jusqu’aux étoiles les sillons de gloire des soldats de France, c’est lui qui ouvre les horizons et qui prépare les triomphes ! C’est son âme, l’âme vivante du pays, l’âme de nos pères, de nos compagnes et de nos enfants, l’âme des foyers purs, qu’ont emportée là-haut, dans l’azur ou dans l’orage, les vaillants qui sont déjà tombés pour l’honneur ; c’est elle qu’emportent chaque jour les héros de l’air aux cimes des batailles ; c’est elle qui va pieusement saluer du haut de l’immensité les croix et les deuils, épars à travers la campagne, des morts pour la patrie ! Elèves-pilotes qui m’écoutez, aviateurs de demain dont les ailes frémissantes se préparent déjà au suprême et saint sacrifice, prenez dans vos mains ardentes votre cœur de Français et donnez-le au drapeau, dans l’amour commun de tout ce qui est grand et sacré ! Soldats de toutes armes et de tout âge, qui communiez ici dans le serment au devoir ; chevronnés et briscards, recrues et bleuets, moustaches grises et fronts d’enfants, tous animés de la foi vive, élevez vos âmes vers notre emblème, pensez à nos morts, pensez à nos foyers, et jurez, à jamais, de venger les uns, de défendre et de libérer les autres ! Emblème adoré qui fit le tour du monde ; drapeau de France, drapeau de nos héros et de nos morts, je te salue, au nom de tous les soldats qui devant toi s’inclinent et te présentent nos armes. En leur nom, en gage de la victoire, je jette vers toi leur cri d’orgueil invincible. Vive la France ! »

 Source : base aérienne 102.

 


 

Drapeau établi conformément au « modèle de 1880 » et dont le tablier est revêtu des inscriptions suivantes (en lettres capitales) : « République française / Aviation militaire » (avers) et « Honneur et Patrie / Maroc 1912 » (revers).

 

 

 


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