Sept comptes rendus ont été sélectionnés[1]. Ils couvrent la première semaine du mois de mai 1945. Les déportés rapatriés témoignent des conditions de détention à Mauthausen, Buchenwald, Dora, Ellrich et Auschwitz. Les détails sont souvent très durs. Ils rendent compte de l'inhumanité des conditions imposées aux déportés.
1. Anna Bourra, du Jura (Mauthausen)
« Le souvenir le plus terrible est la mort devant nous de 4 camarades, tombées de faiblesse et que nous ne devions pas secourir, les bourreaux nous obligeant à observer l’agonie ».
9 mai 1945
40 M 264
2. Marcel Marceau, de Saône-et-Loire (Buchenwald)
« L’ancien maire anti-nazi de Weimar était attaché ‘à quatre pattes’ à une niche à chien à l’entrée du camp. S’il n’aboyait pas assez fort quand passait un S.S., celui-ci lui écrasait le visage à coups de bottes. Cet homme est mort fou ».
« Un plaisir des S.S. était aussi de mettre un interné dans un tonneau tapissé de fil de fer barbelé et de le faire rouler jusqu’à la mort ».
8 mai 1945
40 M 264
3. Jean Nicolas, du Jura (Buchenwald, usine d’armement Gustloff)
« Dans le camp, une salle spéciale était aménagée pour la pendaison. 48 crochets de boucherie y étaient installés ».
7 mai 1945
40 M 264
4. Train 11.222 en provenance d’Allemagne par la Suisse et Marseille – arrêt à Dijon (Mauthausen)
« Quelques déportés nous racontent que certains, en état de faiblesse extrême, étaient envoyés au four crématoire avant de rendre le dernier soupir, ainsi que des femmes qui ne pouvaient plus marcher ».
6 mai 1945
40 M 264
5. M. Granclément (Buchenwald et Auschwitz)
« À Dora la population n’avait aucune compassion pour les internés que la propagande allemande faisait passer pour des bandits étrangers ».
5 mai 1945
40 M 264
6. Louis Futin, du Jura (Dora)
« Le four crématoire [étant] insuffisant, les Allemands découpaient les cadavres afin d’en introduire davantage dans celui-ci ».
« Le travail consistait à creuser des tunnels ; certains malheureux sont morts dans des souterrains où ils travaillaient depuis six mois sans avoir vu le jour ».
2 mai 1945
40 M 264
7. Marie Leduc et Marie-Louise Guiot, de Saône-et-Loire (Mauthausen)
« Elles étaient réduites à manger des herbes (pissenlit, feuilles d’orties, de rutabagas), qu’elles faisaient cuire, et ceci au risque de sévères représailles ».
1er mai 1945
40 M 264
[1] Ibid., comptes rendus des 1er, 2, 5, 6, 7, 8 et 9 mai 1945.