La démocratie en marche (page 6/8)
La IIIe république, triomphes, débats et limites du suffrage universel

 

 

49. Les élections à l’Assemblée nationale du 8 février 1871

 

Archives départementales de la Côte-d’Or, 3 M 263

Cahier manuscrit

 

Bismarck demande aux instances provisoires de la IIIe République, proclamée suite à la défaite et à la déposition de Napoléon III, le 4 septembre 1870, de se doter de structures représentatives fiables pour négocier la paix. La loi électorale de 1849, remise en vigueur, permet d'élire 8 représentants pour la Côte-d'Or : Jules Carion, Sadi Carnot, Auguste Dubois, Guiseppe Garibaldi, Pierre Joigneaux, Joseph Magnin, Henri Moreau et Gustave Tridon.

À la lecture des bulletins annulés exposés précédemment (n°30), on constate que la question de la paix ou de la guerre domine les élections de 1871. Comme le montre ce dossier du procès-verbal récapitulatif de ces élections, les citoyens de Côte-d'Or choisissent surtout des hommes attachés à la République pour les représenter, comme Sadi Carnot, le futur Président de la République, assassiné en 1894, Magnin, Joigneaux, …

Mais le plus emblématique reste Giuseppe Garibaldi. Cet artisan de l'unité italienne, né à Nice, apporte son concours pour défendre la France envahie, à plus de 60 ans. Avec ses volontaires italiens, il reprend Dijon aux Allemands par de furieux combats, en janvier 1871. Auréolé de ses victoires, il est élu sans avoir fait acte de candidature, député de la Côte-d'Or et d'autres départements, en 1871. Blessé par l'accueil de la majorité royaliste lors de son installation à la Chambre, il démissionne, suivi par Victor Hugo qui le soutient.


 

50. Le gouvernement de « l’Ordre moral » face à la poussée républicaine

 

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 46

Lettre imprimée sur papier

 

Issu des élections de février 1871, favorable au rétablissement de la royauté aussitôt, le gouvernement d'Ordre moral tente, par cette circulaire, d'enrayer la poussée républicaine. Il veille au respect étroit de l'exclusion des électeurs potentiels des listes électorales, pour raison de condamnation par les tribunaux militaires. Ceux-ci ont prononcé beaucoup de sentences frappant les militants d'extrême gauche, suite aux événements liés à la Commune de mai 1871.

 

51. La presse locale et la politique sous la IIIe République

 

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 265 et 3 M 286

Journaux imprimés sur papier

 

La presse, associée à l'idéal de liberté et de démocratie, joue très tôt un rôle essentiel dans l'information et la constitution d'une opinion publique, libre de ses choix politiques ou guidée. Elle se développe très vite sous la IIIe République pour des raisons d'innovations techniques et grâce à la loi de 1881. Avec cette presse, la démocratie progresse.

Sont ici représentés quelques titres. Le Progrès de la Côte-d’Or du 2 mars 1876 et Le Journal de Beaune du 4 mars 1876 relatent la campagne de banquets républicains menée par Léon Gambetta contre les royalistes. Le Bien public du 31 octobre 1919 aborde la campagne décisive des élections législatives de 1919, après quatre années de guerre mondiale qui ont bouleversé la France.

 

 

52. Affiche contre Gaston Gérard, candidat aux élections cantonales de 1913 : Pour la vérité

 

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 413

Affiche imprimée sur papier jaune


 

 

53. Affiche pour les élections d'arrondissement des 7 et 14 octobre 1934 : C'est faux

 

Archives départementales de la Côte-d’Or, 3 M 451

Affiche imprimée sur papier bleu

 

 

54. Affiche contre Gaston Gérard, candidat aux élections cantonales des 10 et 17 octobre 1937 : Il court, il court, le furet...

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M458

Affiche imprimée sur papier jaune orangé

 

Sous la IIIe République, les débats politiques violents utilisent un vocabulaire agressif, généralement inusité ensuite.

Louis Jacob traite par voie d'affiche le docteur Bizot, son adversaire en 1934, de menteur et évoque sa « nullité ». Gaston Gérard, un des hommes politiques des plus connus de Côte-d'Or, député-maire de Dijon, membre de plusieurs gouvernements de l'entre-deux-guerres, est ici deux fois vilipendé : n 1913, par une méthode comparative, et en 1937, par une parodie de comptine.

 

 

55. Graffiti politique : VIVE BUCARD

 

Vestige conservé sur le mur de l'hôtel Pérard de la Vesvre( n° 17-19 , rue Jeannin à Dijon)

Photographie F. Petot, Archives départementales de la Côte-d'Or, juillet 2009

 

Les graffitis existent depuis l'Antiquité, les murs de Pompéi en sont couverts. Ce moyen d'expression rudimentaire montre ici son efficacité. Ce graffiti est peut-être dû à des partisans de Marcel Bucard qui participe, dès 1924, à l'agitation politique des anciens combattants conservateurs contre le gouvernement du Cartel des gauches, avant de fonder le mouvement du « francisme » en 1933 et de participer aux émeutes du 6 février 1934. Ce vaillant ancien combattant de 1914-1918 devient un ultra collaborateur zélé et participe, entre autre, à la fondation de la L.V.F. Condamné à mort à la Libération; il est fusillé en 1946. Ce graffiti lui a survécu et, s’il n'est pas en bonne santé, il remplit toujours son rôle : attirer notre attention sur Marcel Bucard, homme politique bien oublié de nos jours.

 

56. Portraits, témoins des aspects de la vie politique sous la IIIe République

 

Côte-d'Or Du canton à la Nation, élus et représentants depuis 1789,

Dijon, Archives départementales de la Côte-d'Or, 2006

(N° 214, page 213, n° 305, page 256, n° 256, page 233, et n°111 et 112, page 157)

 

— Giuseppe Garibaldi, général, citoyen italien venu défendre Dijon en 1870 et ainsi récompensé par une majorité d'électeurs locaux ;

— Joseph Magnin incarne le grand notable progressiste du régime ;

— Pierre Joigneaux, brocardé ici par une caricature insistant sur certains points de sa réputation ;

— Jean Bouhey, élu en 1936, un des rares hommes politiques français lucide et courageux face aux accords de Munich en septembre 1938, héros de la Deuxième Guerre mondiale, ici photographié et caricaturé.


 

57. Élections générales législatives de 1885 : affiche de candidats conservateurs

 

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 268

Affiche imprimée sur papier couleur, drapeau tricolore collé

 

 

58. Élections générales législatives de 1885 : profession de foi des candidats conservateurs

 

Archives départementales de la Côte-d'Or,  3 M 268

Tract imprimé sur papier


 

59. Demande de réintégration sur les listes électorales, 1884

 

Archives départementales de la Côte-d'Or,  3 M 46

Lettre manuscrite à l'encre sur papier

 

Le requérant manifeste la ferme affirmation du désir de voter, témoignage fort de participation politique, de la volonté de prendre en main son avenir. Il montre aussi que l'orthographe progresse, avant les lois Ferry.

 

 

60. La neutralité requise des instituteurs, 1898

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 2

Lettre imprimée sur papier

 

Cette circulaire confidentielle du ministre de l'instruction publique aux inspecteurs d'académie, du 16 avril 1898, leur demande de veiller à ce que les instituteurs s'abstiennent de faire acte de propagande en faveur d'un candidat aux élections, consacrant ainsi leur rôle de guide de l'opinion. Elle n'est pas sans rappeler la lettre de Jules Ferry à ces mêmes instituteurs, du 17 novembre 1883.

 

 

61. Cléricalisme et élections : intervention du pouvoir central, 1893

 

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 2

Lettre imprimée sur papier

 

Le 2 mars 1893, le ministre met en garde les préfets contre l'intervention du clergé dans l'organisation électorale. Le cléricalisme constitue toujours une préoccupation pour les gouvernements républicains. Il est l'allié des royalistes et défend le principe d'autorité, la société fixiste, contre le projet républicain. L'affaire Dreyfus, qui éclate en 1894, le confirme.


 

62. Cléricalisme et élections : la presse catholique, 1919

 

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 286

Revue imprimée sur papier, 12 pages

 

La Semaine religieuse du diocèse de Dijon (n° 45 du 8 novembre 1919) publie cette prise de position en faveur des listes conservatrices de l'Action libérale qui se présentent aux élections législatives décisives de novembre 1919. Les annotations au crayon bleu émanent des services de la préfecture qui contrôlent le contenu de cette presse. L'heure n'est plus à l'anticléricalisme de la Belle Époque mais à l'alliance des républicains conservateurs et des catholiques contre le risque révolutionnaire collectiviste réactivé en Europe depuis 1917.


 

63. La loi du 29 juillet 1913 sur l'organisation du vote

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 2

Affiche imprimée sur papier

 

L'affiche reproduit la loi du 29 juillet 1913 qui organise très précisément les procédures du vote en France et qui permet de soustraire les électeurs à toutes les sortes de pressions, libérant ainsi fortement le suffrage universel masculin.

La procédure de vote est codifiée avec l'utilisation d'enveloppes fournies, opaques, spécifiques, en nombre suffisant pour assurer la protection et la liberté de choix de l'électeur, par le vote secret dans l'isoloir, obligatoire, mais dont la présence dérange encore des hommes influents avant 1914.

Toute une série de mesures est ainsi votée pour garantir le libre choix aux électeurs. Ce sont ces mesures, enfin officialisées et qui peuvent parfois paraître tatillonnes, qui assurent la défense de l'électeur, de son choix. Le suffrage universel atteint sa maturité.


 

64. Réunion électorale de Barabant, candidat socialiste, 1914

 

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 285

Affiche imprimée sur papier couleur

 

L'affiche annonce une réunion organisée dans le cadre des élections législatives d'avril 1914 par Henri Barabant, candidat de la SFIO à Dijon. Ces réunions sont maintenant légales et se tiennent dans des lieux publics comme les cafés ou les locaux municipaux. Les adversaires politiques peuvent les fréquenter, apportant ainsi une contradiction assez animée. Elles peuvent aussi se tenir dans des propriétés privées.

 

 

65. Affiches hostiles à Barabant, 1914 : Tous aux urnes contre Barabant et Barrons la route à Barabant !

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 285

Tracts imprimés sur papier, 4 pages

 

Henri Barabant, maire de Dijon de 1904 à 1908, fut élu député de la première circonscription de Côte-d'Or en mai 1914. Ses adversaires utilisent des tracts dûment rédigés, assez longs et argumentés. Mais Henri Barabant possède de solides convictions qu'il met aussi au service de la presse d'opinion, des associations laïques et sportives et, plus tard, de la Résistance.

 

 

66. Portrait d'Henri Barabant

Côte-d'Or Du canton à la Nation, élus et représentants depuis 1789,

Archives départementales de la Côte-d'Or , Dijon, 2006 (n°73, page 136)

 

On trouvera une biographie d'Henri Barabant dans l'ouvrage ci-dessus, à la page indiquée.


 

67. Affiche en faveur des candidats de la SFIO aux élections législatives de novembre 1919

 

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 286

Affiche imprimée sur papier rose

 

 

68. Découpage électoral, entre 1907 et 1911

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 2

Cahier manuscrit à l'encre et crayons de couleurs sur papier

 

Ces quatre documents relatifs à un découpage électoral réalisé par le préfet de la Côte-d'Or à la demande du ministre de l'intérieur entre 1907 et 1911, en vue des élections législatives, montrent le rôle du gouvernement dans l'expression du suffrage universel. Il doit adapter les circonscriptions aux mutations démographiques, ce qui ne se fait pas sans débat.


 

69. Le suffrage féminin : pétition en 1936

Archives départementales de la Côte-d'Or, 3 M 2

Imprimé sur papier avec compléments manuscrits à l'encre

 

L'exclusion des femmes du suffrage dit universel depuis la Révolution constitue la grande limite à la démocratie et montre la force du courant conservateur, réactionnaire en France. Sous la IIIe République, six fois les députés débattent pour le droit de vote des Françaises, six fois les sénateurs font échouer le projet.

Cette pétition nationale pour le suffrage des femmes organisée en 1936 par le Conseil National des Femmes Françaises témoigne de la lutte séculaire pour intégrer la moitié des citoyens, exclus du suffrage universel toujours masculin. Les signataires sont essentiellement des femmes, souvent issues du milieu enseignant. Mais, depuis l'origine du mouvement féministe, des hommes manifestent aussi leur volonté de voir les femmes obtenir les mêmes droits qu'eux.


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